Cette interview porte sur l'univers photographique de Daniel Cheong spécialiste en Cyberpunk, photographe d'architecture, accompagnateur de voyages-photos et workshops, formateur Photoshop, ambassadeur de multiples marques, vainqueur des HIPA Awards dans la catégorie "Night photography"... Daniel Cheong est reconnu internationalement pour son travail spectaculaire de photographie de Cityscapes à Dubaï, entre autres, et, plus récemment, pour son style Cyberpunk qui combine techniques de photomontages avec Cityscapes.Il est également l'auteur du livre "Dubaï ambition and inspiration (Fog at Dawn) - Explorer". De plus, il est publié dans de très nombreux magazines photo tels que Digital Photo, National Geographic, CNN International,...
J’ai posté l’interview au format vidéo, podcast (mp3 audio que vous pouvez télécharger pour écouter tranquillement n’importe où) et sous forme de texte ci-dessous…
Bon visionnage, audition ou lecture !! N’hésitez pas à poser vos questions ou remarques en commentaire de l’article en bas de page !
RETROUVEZ DIRECTEMENT UN PASSAGE PRÉCIS DE L’INTERVIEW EN CLIQUANT SUR LES LIENS DE LA TABLE DES MATIÈRES !
1. Qu’est-ce qui t’as donc amené vers la photographie ? C’est ton métier ?
2. As-tu quitté ton job et es devenu professionnel de la photo ? Comment ça s’est fait ?
3. C’est ça qui t’as permis de diversifier tes photos, d’aller faire des Cityscapes un peu partout ?
4. C’est l’essentiel de ton activité professionnelle : les voyages, les stages et ce genre de choses ?
5. Tu peux expliquer brièvement les NFT pour nos lecteurs qui ne connaissent pas trop ?
6. A propos de Photoshop, comment l’as-tu appris ? Par toi-même ou tu avais suivi des cours ?
7. Tu as toujours travaillé en blending manuel alors dans Photoshop ou tu es passé dans des logiciels HDR ?
8. Est-ce que c’est parce que tu évolues toi-même dans Photoshop que tu es attiré pour intégrer plus de choses ? Peux-tu un peu l’expliquer ?
9. Peux-tu expliquer un peu le style Cyberpunk façon Daniel Cheong ?
10. Pour la photo suivante, tu as carrément changé de format et la matière n’existait pas. Tu as donc recréé tout le haut de l’image ?
11. Combien de temps peut prendre une image pareille ? Parce que franchement, on a du mal à imaginer.
12. Est-ce qu’ au départ, quand tu fais la photo, tu penses déjà que tu vas faire ça ? Est-ce que tu prends ta photo en fonction de l’image que tu imagines ?
13. Tu continues à faire aussi en parallèle de la photo de paysage classique ?
14. Au niveau logiciels, tu utilises Photoshop mais pas uniquement à ce que j’ai cru comprendre ?
15. Donc, qu’est-ce que tu conseillerais à un débutant qui aimerait faire ce genre de travail ?
16. Est-ce qu’il y a beaucoup d’artistes qui font ce genre de photos comme toi ?
17. Quelles sont les plateformes où on peut te suivre pour voir tout ce travail que tu accomplis régulièrement ?
18. Est-ce que tu peux nous dire un peu tes projets ? Est-ce que tu comptes enseigner ce genre de choses à travers des workshops ?
Olivier : Bonjour Daniel et merci de m’accorder cette interview. Comme présenté brièvement ci-dessus, ton parcours est impressionnant. A la base, il semblerait que tu n’étais pas du tout dans la photographie mais plutôt Software Engineer (Daniel acquiesce), qu’est-ce qui t’as donc amené vers la photographie ? C’est ton métier ?
Daniel : Non. En fait, depuis tout petit, j’aimais faire de la photo. J’ai eu ma première caméra à dix ans, c’est-à-dire il y a 50 ans maintenant (rires!). Mes parents m’avaient offert un petit Kodak, tu sais, avec les cartouches qu’on mettait dedans.
Olivier : Je vois : l’ancienne école (rires) !
Daniel : En 1998, à cette époque je travaillais dans la Silicon Valley, près de San Francisco, et c’est là que j’ai acheté ma première caméra numérique. C’était une caméra VGA 640 par 680. J’ai calculé et ça faisait 0.3 mégapixels ! C’est 100 x moins que ce que font les caméras, même les smartphones, aujourd’hui.
Après, très vite, dans les années 2000, je travaillais au Japon et là je suis passé à 2 -3 Mégapixels …
Olivier : Tu as connu toute l’évolution !
Daniel : En 2006, j’ai acheté mon premier Reflex numérique et j’étais à Singapour. C’était parce que c’était abordable. C’étaient les premiers Reflex numériques qui ne coûtaient pas une fortune. A cette époque-là, il y avait bien sûr Canon, Nikon et Sony. Mon premier Reflex était un Sony Alpha 100.
Olivier : Tu es passé à la concurrence après …
Daniel : En fait, je voulais acheter Nikon, parce qu’avant d’acheter le Reflex, j’avais un Coolpix de Nikon, mais le problème c’était que Nikon était plus cher et les objectifs surtout étaient plus chers. Donc, je me suis rabattu sur le Sony. C’était le premier aussi à l’époque à faire la stabilisation du capteur à l’intérieur du boîtier. Ce qui fait qu’on pouvait acheter des objectifs non HDR. Pour Nikon, il fallait acheter l’objectif stabilisé qui coûtait très cher. En fait, ça marchait pas terrible mais … (rires). Le plus drôle c’était, car c’était l’époque aussi où je découvrais le monde du HDR, c’était très à la mode à cette époque-là, et donc, comme il fallait faire du bracketing : le Sony était le pire pour le bracketing parce que tu pouvais faire du bracketing que de 0,7 stop, pas plus, fallait le faire à la main quoi ! Après, je suis passé à Nikon, etc.
Olivier : As-tu quitté ton job et es devenu professionnel de la photo ? Comment ça s’est fait ?
Daniel : Non, il y a quand même eu une étape très importante dans mon parcours. Dès que je me suis inscrit sur Flickr, donc en 2006, ça a été l’âge d’or des photos avant Instagram et tout. En fait, c’est un copain en 2006 qui m’a dit : “Va voir Flickr, tu peux mettre tes photos et tout… Tu peux commenter les autres, etc.”. J’y ai pas trop cru mais j’ai commencé à mettre mes photos tout timidement et, très vite, j’ai pu construire mon réseau. Ensuite, je suis devenu très actif : je travaillais toujours la journée mais le soir je passais des heures entières à aller voir les photos des autres, à les commenter, etc, pour avoir des followers. En plus Flickr, toujours aujourd’hui, il y a ce système qu’ils appellent “Explorer” où par un algorithme, ça n’a jamais été très clair, vous allez sélectionner les tops 100 photos pour la journée. J’ai eu la chance de commencer à être promu sur les tops 100 et même, des fois, j’ai atteint la numéro un. Je pense que ça m’a donné pas mal d’exposition mondialement . Un an après avoir commencé à mettre mes photos sur Flickr, j’ai été contacté par des magazines.
En 2008, j’arrivais à Dubaï et donc, à cette époque-là, j’avais mon D300 et je commençais à faire pas mal de photos sur les toits.
Olivier : Tu étais l’un des premiers, je crois ?
Daniel : Oui mais on était en petit groupe et, pareil, c’était la bonne époque où il n’y avait pas comme aujourd’hui ceux qui vont sur les toits pour faire un selfie, juste pour Instagram par exemple. C’était encore assez ouvert. On pouvait facilement y accéder, sans s’immiscer dans les immeubles, demander des permissions, … J’ai commencé à les publier en fait sur Facebook parce que, malheureusement, quand je suis arrivé à Dubaï, Flickr était bloqué !
Olivier : Ah bon !
Daniel : Parce que Flickr avait quand même aussi toute une section de contenu, je dirais carrément : porno. Bon, maintenant, ce n’est plus le cas et je pense qu’à Dubaï ça s’est débloqué. Du coup, c’était l’époque où j’ai commencé à poster plus sur Facebook puisque je n’avais pas d’autres plateformes. Donc, je me suis pas mal fait repérer par la communauté photographique, aussi bien même, le gouvernement de Dubaï. Et là mes photos ont été repostées. À un moment donné, j’ai même eu un contact avec le prince héritier de Dubaï avec qui j’ai eu une sorte d’accord. Il m’a dit : “Tu me dis où tu veux aller, sur quel toit, quel immeuble, et en échange tu me donnes les photos. Tu les gardes, elles sont à toi, mais nous on les partage sur les réseaux sociaux”. Donc ça m’a permis justement à cette époque-là d’accéder à des spots assez superbes quand même pour photographier le brouillard.
Olivier : C’est un peu tout ça qui t’as permis d’être mis en avant …
Daniel : Ca a été repris par tous les médias en fait …
Olivier : C’est comme cela que moi je t’ai connu ! C’est par des photos de Dubaï avec le brouillard. Je me suis dit : « C’est quoi ces photos incroyables !”.
Daniel : A cette époque-là, je travaillais toujours comme ingénieur. A partir de 2012, quelque chose comme ça, j’ai commencé à donner des workshops à Dubaï.
Olivier : Des workshops de “rooftops”, sur les toits ?
Daniel : Non, non, justement les accès m’étaient réservés. C’était difficile d’emmener des gens. Par contre, c’était pour enseigner le Digital blending.
Olivier : Ah, déjà le post-traitement ?
Daniel : Oui et c’était déjà l’époque où j’étais devenu un peu instructeur pour Nikon, à côté de mon travail normal. J’ai donné beaucoup de séminaires dans le moyen-orient pour Nikon. J’avais déjà en parallèle de mon travail un deuxième job.
En 2015, je travaillais pour Microsoft. En fait, j’étais un transfuge de Nokia qui avait été racheté par Microsoft. Comme ça a pas mal merdé au niveau des mobiles avec Windows mobile, ils ont virés pleins de gens, surtout ceux qui avaient pas mal d’ancienneté comme moi. Donc, voilà, en 2015 je me retrouve sans boulot. En 2015, j’avais 53 ans et me remettre sur le marché du travail, surtout à Dubaï, c’était un peu dur… Enfin, bon, je peux pas dire non plus que j’ai fait beaucoup d’effort pour essayer de trouver. (rires)
Olivier : Tu t’es dit que c’était peut-être la bonne opportunité ?
Daniel : Oui, voilà. Je me suis dit: “OK, je passe à la photo à plein temps.” Parce que j’avais des contacts et j’avais déjà fait de la photo commerciale pour des compagnies qui font des intérieurs lumineux, des restaurants, des appartements, etc. J’ai continué et j’ai pu vivre à Dubaï décemment pendant deux ans avec la photo. Le problème est que la vie à Dubaï est aussi assez chère. Donc, début 2018, j’ai décidé de ne pas renouveler mon visa de travail à Dubaï et je vais devenir complètement nomade. Ma valise et mon sac photo …
Olivier : Ils sont toujours prêts ! (rires)
Daniel : Depuis ce temps-là, je me balade un peu au gré des endroits où je peux rester. Bon, j’ai quand même de la famille à la Réunion et à l’île Maurice. J’ai ma compagne qui vit en Chine et aussi de la famille en France, donc je me balade comme ça …
Olivier : T’as des points d’attache un peu partout dans le monde quoi !
Daniel : Voilà !
Olivier : C’est ça qui t’as permis de diversifier tes photos, d’aller faire des Cityscapes un peu partout ?
Daniel : Oui, oui. D’ailleurs j’avais, pendant la pandémie malheureusement, quelques workshops de Cityscapes à Singapour et à Kuala Lumpur alignés qui ont été reportés sans arrêt. Peut-être que l’année prochaine cela se fera. Pour l’instant, c’est encore un peu difficile surtout pour aller en Asie du Sud-Est…
Olivier : C’est assez compliqué. C’est l’essentiel de ton activité professionnelle : les voyages, les stages et ce genre de chose ?
Daniel : Non, si tu veux parler d’un point de vue “revenus”. Mon principal revenu, ce qui est assez ironique en fait puisque c’est un peu à cause de Flickr aussi, j’ai des centaines de photos sur Flickr qui ont été utilisées illégalement sur des dizaines de milliers de sites. Et depuis quatre ans maintenant, j’utilise une compagnie qui s’appelle PhotoClaim qui fait un boulot extraordinaire : ils peuvent retrouver jusqu’à un dixième d’une de mes images en bannière ou dans un PDF d’une compagnie, pas forcément sur leur site web mais sur leur serveur. Donc, ils ont des avocats spécialisés dans chaque région et ils poursuivent ceux qui ont volé les photos.
Olivier : C’est un bon business en fait ! Il faut faire de la photographie pour Flickr. (rires)
Daniel : Ca me rapporte plus que la photographie commerciale ou les workshops ! (rires)
Olivier : Donc, tu ne demandes pas mieux : plus on vole tes photos, plus ça rapporte ! (rires).
Daniel : Je fais rien. Ils ont juste un site où ils te répertorient les photos qu’ils ont trouvées et tu indiques si c’est légal ou illégal. Alors, Dieu merci, tu as plein de compagnie qui volent mes photos et qui n’enlèvent même pas le logo. Il y a des fois des contentieux malheureusement. Maintenant, j’ai des photos aussi qui se vendent par Shutterstock et Getty Images et qui sont achetées légalement. Quand je vois une photo sans le logo, il y a un doute. Bon, des fois, je mets quand même qu’elle est illégale mais ce qui se passe c’est qu’après ils reçoivent un mail de l’avocat et ils vont se plaindre à Shutterstock ou à Getty Images. De toute façon, ils ne peuvent rien me faire. J’ai essayé d’y remédier car je travaille avec 2 ou 3 compagnies de stock d’images et je leur ai dit : “Ecoutez, moi, ce qu’il me faut c’est que je reçoive un relevé des photos vendues, à qui et sur quel site web”. On m’a répondu que c’était confidentiel. Donc, désolé, mais, il y a des fois, je ne peux pas savoir si elle a été achetée ou non. Après, c’est juste une tape sur la main : ils m’envoient un mail pour me dire comme c’est scandaleux alors que leur client leur a acheté… En plus, le mail de l’avocat est assez dur.
Olivier : Ben oui, ils sont payés à la commission…
Daniel : Et après, récemment, comme tu dois aussi le savoir, il y a tout un mouvement de photographes qui partent vers les NFT.
Olivier : Tu peux expliquer brièvement les NFT pour nos lecteurs qui ne connaissent pas trop ?
Daniel : En fait, tu vois la crypto-monnaie comme le Bitcoin ? Et bien, il y a la même crypto-monnaie pour les œuvres d’art, en particulier les photos ou les images d’art digital. Ce qui se passe, c’est qu’on rattache à ton image un certificat de crypto qui va se retrouver sur ce qu’on appelle le “Blockchain”, c’est l’espèce d’univers des cryptos.
Olivier : Oui, le réseau décentralisé.
Daniel : Voilà. Et n’importe quelle transaction qui arrive sur une de tes photos qui a le certificat, tu sais ce qui se passe. Moi, je viens juste de rentrer dedans.
Olivier : Oui, c’est quand même assez récent…
Daniel : Parce que quand on entend NFT, on parle de ceux qui se vendent à des dizaines ou centaines de milliers de dollars. Il y a aussi tout un marché un peu plus modeste. Les collectionneurs achètent des NFT mais après ils les remettent en vente plus cher. Ce ne sont pas vraiment des collectionneurs. Quelqu’un m’a acheté un NFT, il le revend, automatiquement je vais toucher une commission. C’est un certificat d’authenticité numérique qui est inviolable en fait !
C’était ça un peu le problème avec les photos : de pouvoir émettre comme un certificat d’authenticité. Tu peux le faire sur une impression en ajoutant le certificat à l’arrière mais, sur un support numérique, c’était inexistant. Maintenant, il y a ça. J’ai commencé et j’ai vendu 4 NFT. C’est tout un monde qui a ses codes. Tout ça se passe principalement sur Twitter.
Olivier : Ah, oui, sur Twitter ?
Daniel : Oui, c’est là où ils font la promotion de leurs trucs. Moi, je connais des gens qui ont du succès sur NFT mais ils passent 24h/24 et 7jours/7 sur Twitter. Bon ben ça, c’est quelque chose que je ne suis pas prêt à faire.
Olivier : En tout cas, ce sont de nouvelles sources pour les photographes professionnels. Dis-moi si je suis dans le bon ou pas : c’est vraiment les photos ou plus la création d’images comme tu fais dernièrement ?
Daniel : Je pense qu’au début, c’était plus des images d’art, en fait du numérique créé. Mais non, là, la photo rentre plein pot dedans. Ce qui s’est passé c’est que mon dernier NFT a été fait avec un collectif de 100 photographes et les piliers de ce mouvement étaient Elia Locardi et Albert Dros, ainsi que quelques autres. Ils ont dit qu’on allait réunir 100 photographes et on va générer 200 photos. Il a prévenu chaque photographe de donner une dizaine de photos et il y aura un processus de sélection ce qui fait que c’était partagé : pour certain ils n’en sélectionnaient qu’une ou deux. Moi, j’ai eu la chance qu’ils m’en aient sélectionné trois.C’est la première fois qu’ils faisaient cela dans le NFT. C’est assez bizarre : ils ont fait le marketing en montrant les 200 photos et ils ont essayé de garder 4 thèmes. Ils ont donc très bien fait. Ils ont dit : “OK, vous avez vu toutes les photos. Maintenant, tel jour on va lâcher (le terme c’est “to drop”) la collection sur OpenSea mais elles seront toutes masquées. Donc, les acheteurs, vous décidez combien de photos vous allez acheter mais vous ne savez pas lesquelles vous voulez acheter.
Olivier : C’est étrange en effet…
Daniel : Donc, 200 photos en 6 heures. Les 200 photos étaient parties. Ils ont vendu les 200 photos et le collectif s’est ramassé 160 000 dollars.
Olivier : Un petit pactole quoi ! (rires)
Daniel : Après, cela a été réparti au prorata par photographe. Maintenant, la collection est visible et il y a des collectionneurs qui ont acheté qui commence à les revendre. Par exemple, une des photos achetées par un collectionneur, une des miennes, a été remise sur le circuit et a été rachetée plus cher par un autre. Et justement, quand ça se passe comme ça, tu récupères une commission sur la vente.
Olivier : Ah oui, ça c’est bien pour le photographe, alors.
Daniel : Et en fait, tu as des gens qui ont fait beaucoup d’argent comme ça parce qu’ils ont vendu un petit NFT, tu sais un avatar, mettons pour 1 dollar, mais ça s’est multiplié comme un virus, exponentiellement. Le mec qui en a vendu peut-être 50 000, d’ avatars, il fait 50 000 dollars pour une photo à 1 dollar.
Olivier : Alors, je suppose que les photos que tu mets là, elles doivent être uniques dans le sens qu’elles ne soient pas vendues par un autre canal ?
Daniel : Bien sûr, c’est-à-dire que moi, j’ai pas le droit de les vendre comme impression ou quoi. Par contre, elles sont déjà en ligne sur Facebook mais ça n’a pas de valeur. La valeur est dans la photo qui a le certificat.
Olivier : Comme quoi tu viens de nous apprendre de nouvelles possibilités de revenus pour les photographes : le contrôle d’image et les NFT, deux choses qui ne sont pas courantes ! Tant mieux.
Daniel : Oui, tant mieux car, à cause de la pandémie, je ne fais rien en fait.
Olivier : Oui, tout ce qui est voyages et stages fût compliqué pendant deux ans. A propos de Photoshop, comment l’as-tu appris ? Par toi-même ou tu avais suivi des cours ?
Daniel : Oui, je me rappelle que j’avais dû d’ailleurs télécharger une version de Photoshop pirate déjà dans les années 2000. Je crois que c’était Photoshop 6. Après, c’est un logiciel qui m’a intimidé pendant des années.
Olivier : Oui, moi aussi.
Daniel : Quand j’ai commencé à faire de la photo un peu plus sérieusement et ai commencé à faire du HDR et du Blending, c’est là que j’ai appris. A l’époque, malheureusement, il n’y avait pas encore YouTube, donc j’ai acheté énormément de gros pavés sur Photoshop : Photoshop pour les Nuls, Photoshop machin… J’ai appris petit à petit comme ça. Je ne sais pas si tu connais PHLEARN ?
Olivier : Oui, oui, je connais. Aaron Nace : il est connu.
Daniel : Donc, j’ai acheté son gros package de Photoshop de A à Z. J’adore ce type : c’est vraiment un bon instructeur, il est vraiment cool quoi. C’est principalement de manière autodidacte que je suis entré dedans.
Olivier : Olivier : Mais bon, tu étais quand même dans l’informatique vu ton métier. Donc, à la base, tu as déjà plus de facilités. J’ai regardé ton Flickr et tu fais aussi beaucoup de …
Daniel : Tu as dû voir les horreurs du début ! C’est marrant ! (rires)
Olivier : Non, ce qui m’a plutôt surpris, c’est ta rapide évolution. Comme tout le monde au début on fait des trucs approximatifs et puis d’un coup, en quelques années, on voit vraiment une élévation du niveau, waouw !
Daniel : C’était le gros HDR, oui. Dès que j’ai appris plutôt le blending, c’est là que je me suis calmé.
Olivier : Tu as toujours travaillé en blending manuel alors dans Photoshop ou tu es passé dans des logiciels HDR ?
Daniel : Non, non, blending manuel, toujours. J’aime pas les masques de fusion.
Olivier : C’est tout de même plus difficile le blending manuel.
Daniel : J’ai appris les masques de fusion mais… (pincement des lèvres). Il y eu une étape importante aussi dans mon travail pour faire des composites, sans vouloir lui faire de la pub, mais c’est le workshop de noir et blanc que j’ai fait avec David Duchens . Parce que c’est là que j’ai appris comment bien faire les détourages, les soustractions, les intersections, etc, et aussi jouer avec les niveaux. C’est ce que j’utilise maintenant tout le temps pour faire mes détourages.
Pour découvrir l’interview consacrée à David Duchens : cliquez ici.
Olivier : Oui, j’ai vraiment vu une évolution dans ton travail. Au début, c’était plus, comme tu dis, juste de la photographie classique mais, de plus en plus, ça va vers le photomontage. Est-ce que c’est parce que tu évolues toi-même dans Photoshop que tu es attiré pour intégrer plus de choses ? Peux-tu un peu l’expliquer ?
Daniel : Je vais t’expliquer. Ça a démarré pendant la pandémie en fait. J’ai eu la chance de ne pas être confiné parce que j’ai quitté la France deux semaines avant le GRAND confinement. A cette époque-là, je suis allé rejoindre ma compagne en Chine où, là, ils déconfinaient. Par contre, une fois que j’étais en Chine, je ne pouvais plus aller nulle part ailleurs, ce qui fait que je suis resté en Chine pendant pratiquement plus d’un an. Même si j’avais la possibilité de voyager, j’ai quand même fait quelques voyages, là où j’habitais il n’y avait pas trop de spots photo…
Olivier : Ok, on comprend : tu es resté enfermé !
Daniel : Et là, je me suis dit: “Il faut quand même que je fasse quelque chose”. Donc, j’ai commencé à faire ces composites aussi bien de nature, avec des fausses réflexions, etc, que les trucs que j’appelle Cyberpunk par après.
Olivier : En fait, c’est une évolution naturelle. C’est le fait que tu t’es retrouvé à avoir du temps et que, du coup, tu t’es demandé ce que tu pouvais faire en plus dans Photoshop que tu ne faisais déjà.
Daniel : Non, j’adore toujours la photo. Cela reste mon truc n°1 parce que j’adore faire que ce soit de l’urbain, des photos de rues ou de nature. Hier, je suis allé faire des photos. Cela faisait longtemps que je n’étais pas sorti, depuis 3 ou 4 mois, et être dehors comme ça tout seul, c’est toujours un superbe moment pour moi.
Olivier : Pour ne pas rester que dans ton bureau, je comprends.
Daniel : Je ne me considère pas encore trop comme un artiste numérique. Finalement, ce que je fais c’est que j’utilise mes propres photos. Ce sont des photos, à quelques exceptions près tel qu’une voiture en 3D, sinon ce sont toutes des photos de villes que j’ai faites. Parfois, je vais même chercher de vieilles photos que j’ai faites avant que j’ai un Reflex. Parce que parfois ça peut être un morceau de néon sur une photo que j’ai faite en 2005 par exemple. J’ai maintenant une espèce de base d’image d’éléments. Ça peut être une façade d’immeuble, une fenêtre avec une façade de restaurant, des néons,…
Olivier : On va regarder d’ailleurs un petit peu. Ca c’est la photo brute qui t’as servi à tes créations.
Daniel : Oui, c’est une photo que j’ai faite en 2007 avec mon Sony justement, à Pyongyang, au Vietnam. En fait, c’est une photo que j’aime beaucoup d’ailleurs.
Olivier : La transformation est incroyable ! Peux-tu expliquer un peu le style Cyberpunk façon Daniel Cheong ?
Daniel : Je peux expliquer un peu ma vision du Cyberpunk: il y a le mot “cyber” comme cybernétique. Je ne sais pas quelle est l’étymologie exacte mais je sais qu’on a commencé à parler de Cyberpunk, ou d’ambiance Cyberpunk, avec un film qui représente pour beaucoup d’enthousiastes comme moi l’origine de la cinématographie Cyberpunk qui est “Blade Runner”. Ce qu’on voit dans “Blade Runner” c’est une ville surpeuplée où il y a ce contraste des quartiers très pauvres où les gens vivent vraiment à hauteur du sol, c’est complètement pollué, il pleut tout le temps… et des immeubles qui font des milliers d’étages où ils arrivent à presque voir d’en haut le soleil. Donc, il y a ce contraste. On dit aussi “dystopia” en fait. Il y a aussi une très forte marque asiatique.
Olivier : Tu as été un peu influencé par ton parcours sûrement ?
Daniel : Voilà. Quand on voit Blade Runner, ça se passe à Los Angeles en 2019 mais ce qu’on voit dans les rues ce ne sont que des restaurants japonais, coréen, chinois… C’est une compilation majoritairement asiatique. Donc, dans toute image Cyberpunk, on retrouve des symboles d’idéogrammes chinois, de néons,…
Olivier : Oui, parce que là, je regardais sur la photo si tu avais débouché les ombres car il y avait éventuellement les enseignes mais, en fait, il n’y avait pas tout ça ! T’as été chercher des enseignes que tu as collées en perspective…
Daniel : Oui, oui, il n’y avait rien ! Les fenêtres ont aussi été ajoutées ainsi qu’un truc très important dans beaucoup d’images Cyberpunk, comme c’est un peu low tech, c’est toujours le contraste entre high technology et low technology, et le low tech ce sont tous ces fils électriques.
Olivier : Oui, tu as gardé tous les fils électriques, je vois. Tu as dû galérer !
Daniel : Ah oui, là j’ai passé plusieurs heures à les détourer. Pour moi, c’était le point de départ, il fallait ce treillis de fils parce que ça montre le côté très high tech derrière et très low tech devant.
Olivier: Ca aurait été trop simple sans les fils ! (rires)
Daniel : Donc, je suis même à la recherche dans mes futurs compositions de Cyberpunk de trouver des amas de fils électriques qui pendent. Bon, j’essaye de trouver ça.
Olivier : Pour la photo suivante, tu as carrément changé de format et la matière n’existait pas. Tu as donc recréé tout le haut de l’image ?
Daniel : Oui, j’ai dû couper un peu au niveau du building à droite au-dessus.
Olivier : T’as pas choisi la facilité en plus !
Daniel : Non. En plus, dans la première version, j’avais laissé les réflexions telles quelles et quand tu regardais sur la deuxième photo, c’était un peu choquant. Du coup, je me suis dit : ”Aïe aïe aïe, j’ai oublié!”. De plus, c’était compliqué parce que je voulais également garder les textures de la pluie sur les réflexions, mais bon, j’ai trouvé un moyen.
Olivier : Mais là, ce sont des challenges que tu te lances !
Daniel : Oui, mais bon, en même temps c’est amusant parce que sinon j’aurais jamais pu poster la photo si j’avais pas résolu le problème des réflexions.
Olivier : Il y a une troisième photo où on voit l’avant-après.
Daniel : Oui, c’est une photo que j’ai faite à Chongqing, justement pendant mon séjour en Chine. Tous les effets spéciaux que tu vois comme les lens flares, les éclairs, les trucs un peu flou, des trucs bling-bling dont on va pouvoir parler plus tard.
Olivier : Combien de temps peut prendre une image pareille ? Parce que franchement, on a du mal à imaginer.
Daniel : L’idée est de travailler 4×5 heures par jour. C’est pas trop au niveau technique mais tu commences avec un premier canevas qui va être ton avant-plan et après tu te dis: “Tiens, bon, je vais ajouter une tour ici, je vais ajouter une tour là. Je vais rajouter un écran géant là, des néons…”. En fait, après, tu sais plus où t’arrêter. Là, je me suis arrêté parce que j’avais plus de place sur la tour.
Olivier : Tu peux rallonger l’image si tu veux. (rires)
Daniel : J’ajoute toujours des références à Blade Runner en fait. Comme tu vois sur l’écran géant, il y a “ATARI” qui se trouve aussi dans Blade Runner si tu connais.
Olivier : Oui, oui, c’étaient les toutes premières consoles ici.
Olivier : Oui, tu glisses comme ça des références un peu partout. En tout cas, c’est tout à fait l’inverse de la composition minimaliste.
Daniel : Oui, c’est le Cyberpunk. Il y a des photos où il y a encore plus de profondeur et plus de buildings. Je suis en train de travailler pour trouver de nouvelles perspectives. En plus, comme ce sont des villes qui se développent en hauteur, la plupart des photos Cyberpunk que tu vois, sont forcément verticales.
Sur cette photo, c’est pareil. J’ai créé de l’espace en hauteur comme sur la photo précédente.
Olivier : Est-ce qu’ au départ, quand tu fais la photo, tu penses déjà que tu vas faire ça ? Est-ce que tu prends ta photo en fonction de l’image que tu imagines ?
Daniel : Non, car ce sont des photos que j’ai prises sans la moindre arrière-pensée du genre que j’allais les utiliser plus tard pour des composites. C’était simplement dans mon parcours de photo de ville. En plus, à cette époque-là, je ne faisais pas encore trop de composites Cyberpunk. Mais c’est sûr que maintenant, si je vais dans une ville, je vais photographier, sans que ce soit forcément photogénique, sachant que ce seront des morceaux que j’intégrerai dans la composite. C’est vrai que maintenant, je sais déjà s’ il me faut un building qui fait un coin de rue, qui soit un peu sympa, etc, et après une rue pavée sans voiture.
Olivier : Le puzzle, quoi !
Daniel : Sur cette photo, c’est Kuala Lumpur. Il n’y a pas l’avant/après mais tout l’avant-plan, y compris le monorail et le building à droite, c’est vraiment Kuala Lumpur.
Olivier : En général, les gens qui viennent du milieu informatique ont un cerveau droit bien développé, tout ce qui concerne la logique mais, toi, tu lâches complètement ton côté artistique dans ces séries.
Daniel : Oui, tu sais que j’ai fait le Bac C, la prépa et l’école d’ingénieur. On m’a dit que j’étais dans le moule, que j’étais un techno et que j’étais pas artiste. Quand on a commencé à me dire que j’étais artiste, je rigolais parce qu’on t’a un peu lavé le cerveau avec ton éducation. Tu peux pas être artiste, quoi.
Daniel : Tu crées un monde, en fait. C’est ça qui t’éclate.
Olivier : Oui, il y a une histoire vraiment dans la photo. On voit bien sur la première photo avec la dame et son chapeau qui tient sa lampe. Lampe que tu as ajoutée d’ailleurs, ça raconte une histoire. C’est quelque chose de particulier dans cet univers : le fameux Cyberpunk par Daniel Cheong.
Les gens comprendront mieux ainsi car on entend parfois ce terme utilisé n’importe comment. On ne comprend pas toujours ce que ça veut dire mais, là, c’est beaucoup plus clair.
Tu continues à faire aussi en parallèle de la photo de paysage classique ?
Daniel : Disons, quand je suis inspiré, oui. Ce que j’ai commencé à faire aussi, ce sont des photos de paysage mais surréelles.
Olivier : D’ailleurs, c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup dans ta façon de procéder, c’est-à-dire que tu crées de nombreux faux reflets et ce genre de chose mais tu le spécifie toujours. J’ai vu dans tes publications que tu ne cherches pas à montrer la réalité mais ta vision.
Daniel : Oui, je préfère ne pas mentir parce qu’après je vais me faire taper dessus par la police sur Facebook !
Olivier : (rires). Non mais c’est bien aussi pour éduquer les gens en fait. Parce qu’il est vrai qu’en tant que professionnels de l’image, on se rend compte que çi ou ça ne peut pas exister mais il y a beaucoup de gens qui voient des photos sur les réseaux sociaux et qui croient que c’est d’office la réalité. Je trouve que c’est une démarche honnête qui veut dire que je suis un créateur d’image et mon but n’est pas nécessairement de transmettre la réalité. Tu n’es pas un photojournaliste, quoi.
Daniel : Oui, oui. D’ailleurs, quand je fais des séminaires et que je commence à discuter avec les gens, c’est toujours un débat. On me dit que ce n’est pas de la vraie photographie, mais je ne prétend pas en faire. J’ai aucun problème avec ça.
Olivier : Ce sont des débats souvent stériles.
Daniel : Oui, complètement. J’assume et je le dis. Je ne vais pas le cacher.
Olivier : Au niveau logiciels, tu utilises Photoshop mais pas uniquement à ce que j’ai cru comprendre ?
Daniel : Déjà, j’utilise pas Lightroom. Il n’est même pas installé sur mon PC.
Olivier : Même pas pour cataloguer tes photos ?
Daniel : Non, parce que je catalogue mes photos de la même façon que quand j’ai commencé en 2006 et je m’y retrouve, donc j’ai aucun problème.
Olivier : Et tu travailles dans Camera Raw ou pas ?
Daniel : Oui, je commence mon workflow par là. Et souvent d’ailleurs, quand je suis dans Photoshop, il m’arrive pour faire un ajustement rapide de repasser dans Camera Raw à partir des calques. Je préfère parfois les réglages dans Camera Raw que dans Photoshop, surtout pour les couleurs. Là, il y a Color adjustment par exemple. Même pour redresser l’horizon, pour la géométrie. C’est vrai que Lightroom a une plus jolie interface que Camera Raw mais bon. Sinon, comme plug-in, tu as Luminar AI, de temps en temps.
Olivier : Ah oui ? Tu l’utilises pour quoi par exemple ?
Daniel : Quelques presets comme “image claire” ou des fois pour le remplacement de ciel qui marche un peu mieux, qui a un peu plus de souplesse, que Photoshop. Après, aussi Nik Collection que j’achète depuis des années. Je l’ai même eu à l’époque où c’était gratuit par Google.
Olivier : Je la propose aussi lors des formations car on la trouve encore.
Daniel : Et là, tout récemment, car c’est vraiment spécifique pour mes composites urbaines, Cyberpunk et tout ça, ça s’appelle Boris FX.
Olivier : C’est ce qui permet de créer le genre d’effet comme sur la photo avec les éclairs justement ?
Olivier : A la base, c’est une société qui réalise des effets spéciaux ?
Daniel : A la base oui, ils sont très connus pour les effets spéciaux à Hollywood. D’ailleurs, ils ont beaucoup de films et surtout tout ce qui est animation, particules, etc. Ils ont inclus justement tout ce qui est particule dans Boris FX Optics et tu peux même avoir, et ça c’est démentiel, que chaque particule soit animée. Il peut avoir sa propre animation en fait. Par exemple, si je faisais du Cinemagraph, c’est de la photo animée, j’aurais pu animer la fumée sur ma photo. Il y a aussi des écrans sur la grosse tour qui auraient pu défiler, comme celui qui donne les nouvelles par exemple. Plein d’objets sur la tour ont été ajoutés avec Boris FX comme les trucs hexagonaux, etc.
Olivier : C’est donc devenu une part intégrante de ton workflow alors ? Tu commences avec Camera Raw, Photoshop et puis tu ajoutes des choses supplémentaires avec les plug-ins à la fin ?
Daniel : Oui, donc je finalise avec Boris FX pour les effets spéciaux. Ce logiciel permet aussi de créer des objets que tu peux inclure dans ta photo comme les écrans avec des choses abstraites dessus. Tu peux créer ce genre de choses et puis tu les ajoutes sur ta photo.
Olivier : C’est un plug-in qui fonctionne dans Photoshop ?
Daniel : Oui. Il marche en Stand alone mais c’est aussi un plug-in pour Photoshop. De plus, il est vraiment d’une rapidité… Luminar, à côté, met 20x plus de temps . Justement, Boris FX m’a contacté il y a quelques mois pour devenir leur ambassadeur et faire leur promotion. Si jamais des gens sont intéressés pour acquérir ce logiciel, j’ai 20% de réduction en cliquant ici et en introduisant le code promo suivant : cheong photo-optics 22.
En plus, ils ont une fonction de détourage pour les portraits tout bête : on met des gros traits avec le pinceau sur les zones que l’on veut garder et celles qu’on veut exclure. J’ai essayé moi-même avec des cheveux et je trouve ça mieux que Photoshop. Encore un avantage: on peut exporter les calques créés dans Boris FX dans Photoshop. Bref, c’est absolument génial.
Olivier : Quand notre interview sera finie, j’irai télécharger la version d’essai. Comme quoi on en apprend toujours.
Daniel : Oui, il y a une version d’essai gratuite. C’est simple : il y a des milliers de filtres là-dedans !
Olivier : Il y a de quoi s’amuser quoi !
Daniel : Je dirais qu’il y a au moins 200/300 filtres et associé à chaque filtre, tu as à peu près 20 ou 30 presets. Tu fais le compte.
Olivier : Là, on est vraiment dans le domaine du photomontage. C’est un domaine qui n’est pas facile à appréhender parce que le problème que l’on voit parfois dans les photomontages amateurs, c’est la cohérence. Donc, qu’est-ce que tu conseillerais à un débutant qui aimerait faire ce genre de travail ?
Daniel : Déjà, je conseillerais de prendre des photos à l’ultra-grand angle et de prendre des choses assez symétriques comme une rue avec des bâtiments de chaque côté. Aussi, de quand même prévoir un espace en haut car c’est surtout dans le ciel que tu vas ajouter des choses. C’est pas forcément que ça doit être connoté avec l’Asie mais bon il faut surtout trouver ce contraste entre low tech et high tech, cette dystopie. Après, c’est un bon moyen pour apprendre Photoshop, les détourages… Mes détourages sont principalement fait avec le lasso polygonal. Même pour les fils sur cette photo au Vietnam.
Olivier : Pour la courbe, tu fais tout des petits points alors ?
Olivier : En tout cas, tu as des courbes dans tes photos et on ne voit rien. Le stratagème fonctionne. Finalement, c’est le résultat qui compte.
Tu as un bon rythme de production en tout cas. Tu fais ça depuis combien de temps le Cyberpunk ?
Daniel : Depuis un peu plus d’un an.
Olivier : Oui, c’est relativement récent.
Daniel : Ben, j’ai dû en faire une vingtaine depuis. D’ailleurs, en février prochain, dans les Emirats arabes, dans un Émirat qui s’appelle Sharjah où l’émir est un passionné de photo, tous les ans il y fait une sorte de symposium photographique. Il y invite des pointures comme Steve McCurry, Joe McNally, et bien d’autres, pour promouvoir la photographie. Moi, j’y suis allé comme visiteur il y a quelques années et maintenant, ils m’ont contacté pour que je sois présentateur. Ils veulent que je présente le Cyberpunk là-bas.
Olivier : Félicitations pour cette belle opportunité !
Daniel : Mais bon, c’est encore tellement loin pour moi. Cependant, c’est déjà en préparation parce qu’ils mettent un an à préparer cela.
Olivier : Est-ce qu’il y a beaucoup d’artistes qui font ce genre de photos comme toi ?
Daniel : Oui, beaucoup sur Instagram. Mais là, ce sont de vrais artistes. C’est du rendering.
Olivier : Modeste.
Daniel : Non, je te jure. Moi, je m’inspire de ces photos. Il y a des perspectives encore très impressionnantes mais je n’ai pas le matériel brut pour les faire. Ce sont des vues un peu en hauteur, avec de grandes profondeurs… Je suis en admiration profonde parce que c’est de la pure science-fiction quand tu vois les images. Tu vois que ce sont des trucs faits en 3D mais c’est quand même bien réaliste.
Olivier : Mais ils utilisent des logiciels 3D alors ?
Daniel : Oui, oui.
Olivier : Ce n’est plus trop dans le cadre Photoshop, quoi.
Daniel : J’adorerais pouvoir le faire mais je ne peux pas prendre le temps d’apprendre. En plus, il faut savoir dessiner.
Olivier : En tout cas, lorsqu’on voit ce qu’on peut déjà arriver à faire dans Photoshop, c’est quand même impressionnant.
Daniel : Des fois, le Cyberpunk c’est ça. Ca peut être tout bête : une photo de nuit d’une rue un peu déserte, avec un ou deux néons et un éclairage dans le style un peu noir. Il y a souvent la présence de pluie ou d’eau sur le sol et je viens d’apprendre comment simuler des flaques d’eau avec un truc de déplacement. Dans les photos actuelles, il n’y en a pas mais sûrement dans les prochaines.
Olivier : Je repasse tes photos et c’est vraiment du travail de précision comme la réflexion dans les flaques sur la photo du Vietnam justement.
Daniel : Et en plus, j’ai dû convertir cette photo du jour vers la nuit.
Olivier : Tu choisis pas la facilité en tout cas !
Daniel : Non, pour ça, il y a un truc dans Photoshop, ça s’appelle un AUT et tu choisis un format « Night from day ». Boris FX a aussi le mode pour convertir en nuit, il y a le brouillard, la fumée, les éclairs,… Je voulais pas en rajouter ici.
Olivier : Quelles sont les plateformes où on peut te suivre pour voir tout ce travail que tu accomplis régulièrement ?
Daniel : J’ai ma page Facebook, Flickr et 500px. Bon, je suis aussi sur Instagram comme tu l’as mentionné sur l’un de tes post mais quand je regarde mon fil de news, je me demande c’est quoi ces conneries. D’ailleurs, il y a eu récemment un article sur Meta Pixels qui parle de ce qu’ Instagram est en train de faire. Par contre, une plateforme qui devient très populaire avec les photographes, c’est plus mon cas pour le moment parce que je l’ai abandonné depuis des années, mais c’est Twitter en fait. Mais bon, c’est quand même orienté plus sur les nouvelles ou autre. Mais Instagram …
Olivier : Personnellement, j’ai jamais adhéré parce que je trouve que de voir des images comme les tiennes sur 5 cm…
Daniel : Moi, je n’ai jamais aimé. Je l’ai fait pour avoir une plus grande présence sociale.
Olivier : C’est un peu pareil pour moi.
Daniel : Moi, Instagram, de toute façon, je poste et je m’en vais. je like rien et je commente rien (rires). Par contre Facebook, tu peux voir sur ma page, je réponds à chaque commentaire. C’est le seul média où vraiment je m’engage avec ceux qui me suivent.
Olivier : Oui, tu as une grosse communauté sur Facebook qui te suit depuis des années.
Daniel : Oui. Sur 500px et Flickr, j’ai aussi beaucoup de followers. Ben, la dernière photo que j’ai postée sur Flickr est allée sur Explore et a fait un nombre de vues invraisemblable.
Olivier : Flickr is not dead ! Je pense qu’il y a beaucoup de photographes qui vont revenir sur Flickr.
Daniel : Tant mieux ! C’est une bonne chose. Je crois qu’il y a une tendance. Parce qu’au niveau qualité photo, 500px c’est la bonne adresse mais il y a la controverse parce que ça a été racheté par un conglomérat chinois. Donc, ça a créé des sensibilités dans la communauté photographique. De toute façon, qu’est-ce qui va arriver si on poste une photo là ? Elle est sur le net, qu’elle soit en Chine ou ailleurs, elle va être volée de toute façon (rires).
Olivier : De toute façon, tu encourages cette pratique (rires).
Daniel : A la limite, je vais même plus mettre de nom sur mes photos mais, au moins, ça me permet de savoir qu’elles ont été volées. La plupart des photos qui me rapportent de l’argent sont quand même de vieilles photos de 2006 environ.
Olivier : Oui, j’imagine celles de Dubaï sûrement. Tu en a fait tellement.
Daniel : Mais ma photo la plus utilisée légalement, je crois qu’ils l’ont répertoriées sur 9000 sites, c’est un panorama de Kuala Lumpur que j’ai fait mais j’aurais honte de la montrer aujourd’hui. C’était fait avec Photomatix, un bon vieux HDR. Elle est partout : sur des pubs, sur des présentations Powerpoint,…
Olivier : Est-ce que tu peux nous dire un peu tes projets ? Est-ce que tu comptes enseigner ce genre de choses à travers des workshops ? Je sais qu’on organise un workshop ensemble avec David à l’automne.
Daniel : Ben voilà, ce sera la première fois.
Olivier : Ah, ce sera la première fois que tu vas enseigner ça dans un workshop ! De toute façon, si ça intéresse nos lecteurs, on en reparlera. Si ça fonctionne bien, on le fera même peut-être en anglais.
Mais sinon, est-ce que tu as de ton côté d’autres projets personnels ?
Daniel : Non. Dès que les choses vont se débloquer un peu question voyage, j’aimerais recommencer les stages et les voyages-photos.
Olivier : Tu faisais quoi comme voyages-photos ?
Daniel : Là, je travaille avec une compagnie allemande qui organise tout: toute la logistique, les hôtels, les clients, etc. Moi, je les amène sur les spots et on a plusieurs heures de cours lorsqu’on rentre à l’hôtel. Il me donne un forfait journalier plus tous mes frais.
Olivier : Oui et il y a aussi cet événement dans l’Émirat Arabe l’année prochaine ?
Daniel : Oui, c’est en février 2023.
Olivier : Dans un futur relativement proche. Et bien, je te remercie beaucoup, Daniel Cheong, d’avoir consacré ce temps à nous expliquer un petit peu ton parcours, avec le style Cyberpunk en particulier, et à nous avoir présenté ton travail. Ca va sûrement motiver et susciter même des vocations, qui sait ?
Voilà, moi je te souhaite beaucoup de succès dans tes projets à venir et à bientôt pour de nouvelles aventures en ligne probablement !
- 👉 Site officiel de Daniel Cheong : https://www.danielcheongphotography.com/
- 👉 Page Facebook : https://www.facebook.com/danielcheongphotography/photos
- 👉 Instagram : https://www.instagram.com/danielcheong
- 👉 500px : https://500px.com/p/DanielCheong1
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- 👉 Code Promo pour Boris FX : cheong photo-optics 22
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Bonjour Olivier. Merci pour ce partage cette découverte qui confirme qu’il n’y a pas de limite à la création artistique par la photographie !
Le code est tout en bas de la page de l’interview, c’est à insérer au moment de la commande dans le panier 🙂
Interview très intéressante avec un artiste simple et naturel qui n’utilise pas la langue de bois. J’ai découvert un univers (ex: cyberpunk) qui se rapproche du surréalisme et de la SF. J’adore « Blade Runner » .
Je vais aller voir « Boris FX ». J’ai pas vu comment trouver la réduction de 20%….??
Merci Olivier.
Très sympa à écouter, un photographe et créateur de cyberpunk qui a l’air si naturel ! Quel contraste. Rien d’étonnant, le contraste ça a l’air d’être son truc !!
En tous cas. Très intéressant.
Merci à tous les deux