Choisir entre le mode portrait et le mode paysage

Dans cet article, je vous donne des astuces pour la composition en mode portrait et en mode paysage. Pour illustrer ces explications, je me suis rendu dans le cœur du village de Roquebrune-Sur-Argens dans le Var.

1. Recherche d’inspiration pour la composition photographique
2. Mode portrait et mode paysage : lequel choisir en compo ?
   1. 1. 1. 1. 1. 1. Composition en mode portrait ET en mode paysage
                  2. Pourquoi photographier en mode portrait ET en mode paysage ?
3. Recherche de composition au smartphone en mode portrait et en mode paysage
   1. 1. 1. 1. 1. 1. Pourquoi rechercher une composition au smartphone ?
                  2. Importance de l’emplacement dans la composition en mode portrait et en mode paysage
                  3. Quelle correspondance entre le zoom du smartphone et l’objectif de mon appareil photo ?
                  4. Rôle de la perspective lors de la prise de vue
                  5. Recherche de composition au smartphone en mode paysage
4. Choix des compositions en mode portrait et paysage d’après les photos prises au smartphone
5. Mise en place du matériel pour la prise de vue sur le terrain
6. Prise de vue et exposition globale de la composition en mode portrait
   1. 1. 1. 1. 1. 1. Observation et test au niveau de l’exposition
                  2. Nécessité du bracketing pour l’exposition de la ruelle
7. Se placer soi-même dans la composition avec le retardateur
8. Prises de vue en mode paysage dans un tunnel
   1. 1. 1. 1. 1. 1. Revisionner les choix de compo réalisées au smartphone
                  2. Affichage du quadrillage en mode paysage pour la symétrie de la compo
                  3. Les lignes directrices dans la composition en mode paysage
                  4. Réalisation de la seconde idée de compo en mode paysage
9. Conclusion des compositions en mode portrait et en mode paysage après post-traitement

Pour commencer, je me balade dans les ruelles du village à la recherche d’inspiration pour le sujet de ma compo. Comme c’est une journée particulièrement ensoleillée (par chance !), je procède en suivant la lumière. En effet, c’est la lumière qui va guider mon choix photographique. J’aime assez bien l’aspect de l’église Saint-Michel mais je vais d’abord réaliser le repérage avant de prendre une décision.

Par conséquent, je m’engage à pied dans les petites ruelles à la recherche du coup de cœur. Certains endroits sont très photogéniques mais, malheureusement, ils manquent cruellement de lumière. Comme sur la photo ci-dessous où seule la partie ensoleillée de la scène attirera l’attention du spectateur. Bien sûr, vous avez toujours la possibilité de cadrer la photo sans inclure la lumière du soleil. Pour ma part, je préfère continuer mon exploration.

Je finis par trouver le spot plein de potentiel qui m’intéresse vraiment. Il faudra bracketer car la zone centrale est fort exposée au niveau du ciel alors que les côtés de la ruelle sont plus sombres.

L’astuce que je vous explique consiste à cadrer à la fois en mode portrait et en mode paysage. Même si, à priori, l’un des deux formats semble mieux convenir, le conseil est de réaliser systématiquement le travail de compo dans les deux sens. Pourquoi me direz-vous ? Et bien, cela va simplement vous aider à développer votre sens de la composition. En prenant l’exemple de la scène précédemment choisie, en mode paysage, j’inclurai plus d’éléments latéraux. Par contre, en mode portrait, il serait possible de jouer avec la ligne centrale au sol.

Le fait de vous forcer à travailler invariablement dans les deux sens va réellement apporter une plus-value à vos compositions. Parfois, vous hésitez sur le terrain et il vous arrive de changer d’avis au post-traitement. En ayant photographié en mode portrait et en mode paysage, aucun regret. Grâce à cela, il ne vous reste plus qu’à regarder tranquillement sur votre ordinateur la compo qui vous plaît le plus.

En outre, le travail cérébral effectué pour recomposer les éléments de la scène dans un ordre différent vous fera progresser. Au départ, cela peut ressembler à un exercice mais, au final, vous pourriez être surpris par les résultats.

On ne pense pas assez souvent à shooter en mode portrait, surtout dans les photos de paysage. Pourtant, lorsqu’on observe les dernières photos qui ont remporté le concours International Landscape Photography comme celles de Kelvin Huyen, la plupart des photos de paysage sont en mode portrait.

Comme je vous l’explique régulièrement au sujet des prises de vue sur le terrain, il est plus aisé de se promener pour le repérage avec son smartphone qu’avec son trépied. C’est également valable lors de la recherche de composition. Donc, je place mon smartphone dans un premier temps en mode portrait et évalue la scène.

Il y a une lampe sur la poutre qui me dérange un peu mais tout à fait effaçable au post-traitement. Deux solutions s’offrent à vous : soit vous estimez si c’est facilement retirable au post-traitement pour vous et vous prenez la photo, soit vous vous déplacez dans la ruelle de façon à ce que la lampe n’apparaisse plus dans le cadre. Cependant, en vous enfonçant dans la ruelle, vous perdrez un peu en profondeur.

Pour l’instant, mon smartphone est à un niveau de zoom de 1 ce qui correspond à un objectif de 26 mm. Pour tester, je choisis le niveau de zoom 0,5 qui correspond à l’ultra grand angle. Ce niveau de zoom donne beaucoup d’importance à l’avant-plan. De ce fait, les éléments qui se trouvent dans le fond de la ruelle paraissent très lointains. Evidemment, tout dépend de ce que vous cherchez à mettre en valeur dans votre composition. En ce qui me concerne, c’est la ruelle que je souhaite souligner.

Je retourne au niveau de zoom 1x . Et cette fois, en me baissant un peu par rapport à la scène, je me rends compte que j’élimine le souci de la lampe au plafond. En effet, elle n’entre plus dans le cadre. Voilà un exemple qui prouve comme il est important de se mouvoir le plus possible. J’entends par là qu’il ne faut pas hésiter à se baisser, à avancer, à reculer, à se mettre en hauteur, etc.

En d’autres termes, la perspective lors de la prise de vue a son importance dans la composition. Je photographie donc la ruelle dans cette position. A présent, je me dirige vers l’arcade au bout de la ruelle et à nouveau, je shoote la scène dont vous pouvez voir un avant/après ci-dessous.

Une fois les différentes photos prises en mode portrait, je bascule mon smartphone en mode paysage. Je me rends compte rapidement qu’il est plus difficile d’intégrer l’arche au grand-angle. Il serait donc plus judicieux d’effectuer le changement d’objectif. Je choisis le zoom 0.5x qui équivaut au 13mm.

Lorsque vous optez pour une perspective à un point de fuite, ce qui signifie que toutes les lignes convergent vers un point central, il faut savoir que l’effet tunnel fonctionne particulièrement bien avec l’ultra grand angle. Une chose à éviter est le cadrage trop serré car il est toujours plus compliqué d’inventer de la matière que d’en supprimer.

Je passe à l’étape où je visualise les différentes compositions réalisées au smartphone. Mon but va être de procéder à un choix avant de placer mon trépied et tout mon matériel. Ce que je vous explique ne convient bien sûr que dans le cas de compositions calculées. Vous ne pourrez pas adopter ces principes dans le cas de photo qui capture l’instant comme en reportage. Par contre, pour la photographie de rue, rien ne vous empêche de placer préalablement votre matériel et d’attendre que des gens passent.

A présent, il est temps de sortir l’artillerie lourde : trépied, appareil Nikon, objectif grand-angle. Je commence par me placer à main levée en mode portrait avec mon appareil au bon endroit. Ensuite, j’installe le trépied Peak Design Carbone que je règle à hauteur de mi-poitrine comme il convenait dans cette composition. Dans une pente, je vous conseille de toujours mettre une jambe du trépied plus longue vers l’avant. Si vous ne le faites pas vous risquez grandement de voir tout votre matériel prendre la tangente ! N’hésitez pas à baisser même un peu les pieds arrière pour mettre un maximum de contrepoids dans cette direction.

J’affiche le quadrillage de mon appareil de façon à bien centrer verticalement la composition. Ensuite, je désactive la grille et enlève les informations de mon écran. Ceci est très important pour évaluer votre cadrage.

Puis, j’augmente l’exposition pour mieux visualiser les bords de l’arcade. Sans cela, je ne verrais pas la présence d’un élément perturbateur dans la composition. Une fois que j’ai fini d’observer les détails, je reviens en exposition normale. Et comme je m’en doutais, il sera nécessaire de bracketer vu la différence de luminosité entre la ruelle et le tunnel.

Il ne me reste plus qu’à réaliser la mise au point au tiers de l’image. Je prends une photo test dans laquelle je zoome pour vérifier si j’ai suffisamment de profondeur de champ.

En regardant l’histogramme de cette photo, il y a un pic à droite et les tons sont bouchés à gauche. Avec une telle dynamique, il est indispensable de bracketer. Je programme le bracketing sur 3 photos pour tester en partant de – 1 et cela ne suffit pas car le ciel est très clair. Par conséquent, il faut augmenter le nombre de prises de vue en bracketing à 5. En ce qui concerne la prise de vue la plus sombre, l’histogramme est correct.

Pour ajouter de l’intérêt à la photo, je tente de me positionner à l’endroit où émerge un puits de lumière dans la ruelle. Pour cela, soit vous utilisez l’application sur votre smartphone de commande à distance, soit vous employez le retardateur de votre appareil photo. C’est ce dernier que j’enclenche en le mettant sur 20 secondes. Je le programme également pour qu’il prenne 9 photos d’affilée. C’est le maximum de photos auquel j’ai droit en mode retardateur. Honnêtement, je vous conseille plutôt l’application (moins fatigante ! ) qui vous permet de visualiser instantanément si un élément est mal placé dans la composition mais parfois, on a pas le choix.

A présent que le mode portrait est dans la boîte, je me prépare pour le mode paysage. Avant toute chose, je me remémore mes choix de compo pour ce mode en regardant mes essais au smartphone. Une fois que j’ai bien mes deux idées de composition en tête pour ce format, je me mets au travail afin de les reproduire. Je prends mon objectif 14-24 mm à main levée et commence par le repérage du cadrage à mi-hauteur. Une fois satisfait, j’installe le trépied.

A nouveau, j’affiche le quadrillage afin de bien aligner la compo. Déjà, je constate que la ligne centrale de la ruelle n’est pas alignée par rapport à l’arcade. Il va donc falloir choisir l’un ou l’autre. Pour ma part, j’ai tendance à privilégier le centre de l’arcade.

Dans un premier temps, j’enlève les infos affichées sur l’écran de mon appareil photo. Dans un second temps, j’augmente un peu l’exposition pour mieux visualiser la scène. Cela fait, je réaffiche les informations pour m’assurer que je suis de niveau. Je recule un peu car il est toujours important de cadrer plus large que ce que vous pensez suffisant. Ensuite, j’essaie de faire converger les lignes en provenance des coins dans la même direction.

N’ arrivant pas à insérer parfaitement les lignes dans les coins, je préfère laisser ce détail pour le recadrage au post-traitement afin de ne pas perdre au niveau de la perspective de la ruelle. En effet, en reculant plus, je pourrais intégrer les lignes directrices mais j’inclurais également des éléments indésirables dans la compo.

Je photographie une seule fois la scène et vérifie la profondeur de champ en zoomant fortement sur la photo. Pour achever la première idée de compo en mode paysage, je réalise le bracketing d’exposition comme pour le mode portrait mais avec 7 photos. Ensuite, je vérifie l’histogramme de toutes les photos car la lumière peut changer en un rien de temps.

Tout d’abord, je repère à main levée à quelle hauteur et à quel niveau de la ruelle je dois me placer. Si vous avez un écran inclinable c’est l’ idéal afin de vous rapprocher du sol tout en visualisant plus facilement l’écran. J’avoue que c’est un atout quand il faut se baisser à 10 cm du sol comme ici.

Ensuite, j’utilise le mini trépied Rollei une fois le repérage effectué. J’avoue que le mini trépied est assez pratique, surtout en milieu urbain car il est très léger et ne prend quasi aucune place une fois replié. Sinon, vous pouvez toujours employer votre trépied en colonne inversée si celui-ci vous le permet. Puis, je réalise la mise au point sur la moitié de l’image et lance une série de 7 photos de bracketing. De cette manière, je bénéficie de toute la dynamique de la scène.

Pour être sûr de la netteté de mon avant-plan, je préfère faire la mise au point tout devant également. Suite à cela, je m’assure de posséder la bonne profondeur de champs. Il vaut toujours mieux avoir trop de photos que trop peu.

J’ouvre les 120 photos réalisées sur le terrain en mode portrait et en mode paysage dans Lightroom. Pour vous illustrer un peu le potentiel des compos, j’ai pris quelques-unes des photos qui m’intéressaient et leur ai appliqué un rapide traitement. Je vous en montre un bref aperçu ci-dessous.

Pour conclure, je vous invite vraiment à photographier vos compositions aussi bien en mode portrait qu’en mode paysage. Ceci vous aidera réellement à améliorer votre sens de la composition. Même lorsque vous êtes persuadés d’avoir trouvé le bon format, faites les deux pour l’exercice. Quoi qu’il en soit au final, cela vous permettra de progresser.