Imprimer en Noir et Blanc après avoir passé beaucoup de temps à développer sa photo est l’objectif de nombreux photographes. Bien sûr, on fait tout pour avoir un résultat le plus qualitatif possible. Il n’y a rien de plus frustrant que d’être déçu par son tirage. Dans cet article, je vous livre les conseils du laboratoire MikeMuka, spécialisé dans l’impression Fine Art, autrement dit Beaux-Arts.
Cet article et la vidéo associée sont un extrait de la vidéo beaucoup plus longue et détaillée disponible dans ma formation Architecture Fine Art Noir et Blanc
Vidéo Imprimer en Noir et Blanc : 3 conseils d'un spécialiste
📸 Conseil n°1 : résolution de la photo et taille de l'image
La définition et la résolution de l’image sont fondamentales pour restituer la meilleure qualité de l’image source lors de son impression. Une image de haute résolution permet de capturer tous les détails et nuances de l’œuvre originale, mais il faut connaître quelques règles pour adapter la résolution de la photo à la taille prévue pour le tirage. Quelles sont ces règles ? Comment paramétrer le logiciel ? C’est ce que Jean-Jacques, directeur du laboratoire, nous explique. Un des problèmes les plus fréquents des fichiers envoyés au laboratoire est que la résolution est trop faible par rapport au format demandé.
Vérifier dans Photoshop la résolution et la taille de son fichier
- Minimum 300 DPI pour une qualité optimale
- Taille de fichier suffisante
La règle à appliquer pour les grands formats de tirages
Le conseil que Jean-Jacques donne toujours à ses clients est que lorsque, dans la fenêtre Taille de l’image de Photoshop, vous êtes à 300 dpi, vous pouvez aller jusqu’à quatre fois les dimensions en centimètres affichées pour les tirages au-dessus du 20 x 30, en impression jet d’encre. Par exemple, si la taille affichée est de 20 cm sur 30 cm, vous pouvez demander un tirage jusqu’à 80 cm sur 120 cm sans perte, à condition que l’image soit nette.
Il faut aussi penser à décocher la case rééchantillonnage afin que Photoshop ne crée pas de pixels qui n’existent pas.
Cette règle n’est valable que dans le cadre des tirages de photos, pas dans l’imprimerie.
Résolution des formats plus petits
En dessous du 20 cm sur 30 cm, il faut laisser 300 dpi quelle que soit la taille de l’image.
Une image de qualité supérieure permet une reproduction fidèle, préservant la vision artistique dans ses moindres détails. C’est un élément clé pour obtenir une impression fine art réussie.
Redimensionnement de l’image
Pour une ou deux photos, le fichier peut être livré tel quel à 300 dpi. Mais s’il s’agit par exemple d’imprimer de nombreuses photos au format 18 cm sur 24 cm, il vaut mieux redimensionner chaque image à ce format dans la fenêtre Taille de l’image de Photoshop, tout en conservant bien sûr les 300 dpi, afin d’éviter un surplus de travail au tireur qui sera obligé de réduire la taille lui-même.
📜 Conseil n°2 : choix du papier pour le Noir et Blanc
Le choix du papier représente une étape clé dans le processus d’impression de sa photo : il influence non seulement l’apparence finale de l’œuvre, mais aussi sa durabilité et sa texture.
Trois types de papiers
- Papier Fine Art (mat) : Idéal pour les œuvres avec des tons subtils et des détails fins
- Papier brillant : Parfait pour les images riches en contraste et en couleurs vives
- Papier semi-brillant : Un bon compromis entre mat et brillant
Dans chacun de ces groupes, il y a principalement deux variantes : les papiers RC (Resine Coated) et les papiers Fine Art à base de coton à 100%.
Comment choisir son papier : exemple de Canson, marque pour laquelle MikeMuka est certifié
Chaque type de papier apporte ses propres qualités à l’impression fine art, influençant la perception des couleurs, la profondeur et la texture de l’image. Sur son site, Canson propose une aide au choix du papier en fonction de certains critères.
- Choix de la finition : mat, satiné ou brillant. Le laboratoire recommande un papier brillant pour l’architecture et un papier mat pour le portrait et les images demandant de la douceur. En effet, les papiers brillants sont plus contrastés et les noirs plus denses et plus profonds.
- Choix du grain : légèrement texturé, lisse, extra lisse, ou texturé. Jean-Jacques recommande un papier lisse pour toutes les images ayant besoin d’une bonne définition et ayant beaucoup de détails, comme l’architecture, tandis qu’un papier texturé va bien fonctionner avec un paysage par exemple.
- Choix du grammage du papier, exprimé en g/m². Ce facteur impacte la qualité et la durabilité de l’impression. Un papier plus épais donne généralement une impression de qualité supérieure et est plus résistant. Le papier supérieur à 300 g est intéressant pour exposer une photo sans montage ni cadre parce qu’il a beaucoup de tenue. Pour monter la photo sur un contrecollage ou avec un encadrement, autant prendre un papier plus léger et donc moins cher qui sera plus facile à coller.
- Choix du format : il s’agit de sélectionner la taille et le type, par feuille ou en rouleau
- Choix de l’utilisation : la référence du papier sera recommandée en fonction du genre de l’image : portrait, paysage, photographie général, portfolio/album, N&B, reproduction d’art
Composition du papier
La composition du papier joue un rôle important dans la qualité et la longévité de l’impression. Les papiers sans acide et à base de coton sont particulièrement prisés pour leur durabilité et leur rendu exceptionnel.
Longévité d’un tirage
La durée de conservation d’un tirage varie selon le papier, sa qualité, sa composition et son traitement final. D’environ 60 ans pour un tirage mis sous verre sans traitement UV, elle peut aller jusqu’à 125 ans avec l’application d’un film UV en lamination, pour un éclairage de 500 lux pendant 10 à 12 heures par jour. Un soleil d’été éclaire pendant toute la journée 130000 lux. Il faut donc éviter d’exposer ses tirages au soleil trop longtemps.
Il est important de savoir que si l’on imprime avec un procédé piézographique, basé sur des pigments de charbon qui sont naturellement plus résistants aux UV, ces durées peuvent être doublées. C’est justement ce procédé qui est utilisé par le laboratoire MikeMuka pour le Noir et Blanc.
🖨️ Conseil n°3 : format de l'image
Il faut tenir compte des formats de l’image et aussi du format du contenant. Par exemple, si on fait un recadrage, les proportions de la photo sont modifiées.
Problème d’adaptation de la photo à son support
Lorsque vous achetez un cadre dans le commerce, il a des dimensions, notamment au niveau du passe-partout – si vous en utilisez un – qui doivent être respectées si vous ne voulez pas que votre image ne s’adapte pas au support, en particulier parce qu’aucun cadre ou passe-partout ne correspond aux formats utilisés en photographie.
Ajustements à faire dans Photoshop
Lorsque vous êtes dans l’outil recadrage de Photoshop, vous avez la possibilité de mentionner les dimensions de votre recadrage pour le contraindre : renseignez ici les dimensions de votre support afin que la photo imprimée rentre parfaitement dans le cadre ou le passe-partout que vous avez acquis.
🎨 Réalisation d'un tirage d'épreuve
Importation de la photo dans Print Tool
Jean-Jacques utilise sous MacOS un logiciel dédié à la piézographie, Print Tool, qui permet d’ajuster les courbes neutre, encre froide et encre chaude.
La photo va être imprimée sur un papier Fine Art Baryta
Réglages d’impression et Split Toning
L’impression est réglée bien sûr sur 16 bits et les trois courbes sont ajustées à ce stade. Généralement, il est fait un Split Toning ou virage partiel qui consiste à appliquer des couleurs froides ou chaudes aux tonalités sombres et claires, par exemple : 30% d’encre froide dans les hautes lumières, 30% d’encre dans les tons moyens et 50% d’encre chaude dans les tons sombres. C’est ce qui donne le style à l’image et qui est généralement le même pour chaque photographe.
Lancement du tirage d’épreuve au format A4
Le Split Toning allié au procédé piézophotographique donne un relief unique à ces tirages. En plus des dix niveaux d’encre utilisés dans la technique, un vernis UV protecteur est appliqué lorsqu’il s’agit d’un papier photo, sauf sur les papiers mats type Fine Art.
Évaluation du tirage
Le tirage est évalué, de préférence sous une lampe reproduisant la température de couleur de la lumière du jour, et si le résultat est satisfaisant, le bon à tirer peut être généré.
📚 Conclusion
Vous avez désormais les clés pour savoir comment imprimer vos belles photos, qu’il s’agisse de votre imprimante photo personnelle ou d’une impression issue d’un laboratoire professionnel.
Je remercie Jean-Jacques de nous avoir présenté son laboratoire et son travail d’impression qualitative et personnalisée. Après cette entrevue, j’ai donc commandé mon tirage qui décore désormais mon salon !
La maîtrise de cette technique de procédé piézographique requiert une attention méticuleuse aux détails, de la préparation de l’image à l’évaluation finale de l’impression. Chaque étape du processus doit être contrôlé pour obtenir un résultat qui rende justice à la vision de l’artiste.
Les laboratoires comme MikeMuka permettent d’échanger avec leur client afin de les conseiller sur les meilleurs choix correspondant à leur photo, ce qui n’est évidemment pas possible dans les laboratoires plus orientés vers les volumes de vente.
❓ FAQ sur l'impression fine art
Quelle est la différence entre l’impression fine art et l’impression photo standard ?
L’impression fine art se distingue par l’utilisation de matériaux de haute qualité, une attention particulière aux détails et aux couleurs, et une durabilité supérieure. Elle vise à reproduire fidèlement l’intention artistique originale.
Combien de temps dure une impression fine art ?
Avec des encres et des papiers de qualité archivale, une impression fine art peut durer plus de 100 ans sans altération significative des couleurs, si elle est correctement conservée.
Puis-je faire de l’impression fine art chez moi ?
Bien que possible, l’impression fine art à domicile nécessite un investissement important en équipement et en savoir-faire. Il est souvent plus pratique et économique de faire appel à un service professionnel.
Quel est le meilleur papier pour l’impression fine art ?
Le choix du papier dépend du style de l’œuvre et des préférences de l’artiste. Les papiers 100% coton, sans acide, sont souvent privilégiés pour leur qualité et leur durabilité.
Comment protéger mes impressions fine art ?
Protégez vos impressions de la lumière directe du soleil, de l’humidité et des polluants. Un encadrement avec du verre anti-UV et un stockage approprié sont essentiels pour préserver la qualité de l’impression.
🚫 Les erreurs courantes à éviter
Dans le domaine de l’impression, certaines erreurs peuvent compromettre la qualité du résultat final. Voici les pièges les plus fréquents à éviter :
Négligence de la calibration
Une calibration inadéquate peut entraîner des différences significatives entre l’image à l’écran et l’impression finale.
- Calibrez régulièrement votre écran
- Utilisez des profils ICC appropriés pour votre imprimante et votre papier
- Effectuez des tests d’impression (épreuvage écran) pour vérifier la cohérence des couleurs
Choix inapproprié du papier
Le papier joue un rôle primordial dans le rendu final de l’impression. Un mauvais choix peut altérer les couleurs et la texture de l’œuvre.
- Sélectionnez un papier adapté au style de photo
- Tenez compte de la compatibilité entre le papier et les encres utilisées
- Testez différents types de papier pour trouver le meilleur rendu
Résolution d’image insuffisante
Une résolution trop faible entraîne une perte de détails et une pixelisation visible sur l’impression finale.
- Assurez-vous d’avoir une résolution minimale de 300 dpi
- Évitez d’agrandir excessivement les images de basse résolution
- Utilisez des techniques d’upscaling appropriées si nécessaire
Négligence de la préparation de l’image
Une préparation inadéquate de l’image peut compromettre la qualité de l’impression.
- Ajustez soigneusement les niveaux, le contraste et la saturation
- Appliquez un sharpening adapté à la taille d’impression
- Vérifiez l’absence de poussières ou d’artefacts numériques
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Très intéressant mais cela me pose encore plus de questions. LR propose des cadrages (5*7, 16*9, 16*10…) cela correspond-t-il a des dimensions imprimables? à des tailles de cadres du commerce? Doit-on à chaque fois indiquer manuellement la taille voulue dans PS et si oui où trouver les tailles exemple 5*7 ne correspond pas à l’exemple donné dans le recadrage (50*75). Je suis un peu perdu.
Super intéressant.
Moi qui vend entre autres des cadres, je suis stupéfié du manque de réaction des fabricants concernant les formats photos, il n’ y a quasiment aucun rapport 3/2 ou 16/9 .
C’est complètement fou