Sujet de débat, voire de polémique, la définition de ce qu’est une « vraie » photo existe-t-elle ?
Photos de reportage, artistiques, allégoriques, photomontages, l’histoire de la photo montre que tous ces styles sont apparus en même temps que la photographie, dès les années 1840 afin d’exprimer toute une palette d’émotions.
La définition du Larousse, ou plutôt ses définitions, du mot photographie sont les suivantes :
1- Procédé permettant d’enregistrer, à l’aide de la lumière et de produits chimiques, l’image d’un objet.
2- Reproduction de l’image obtenue, qu’elle soit ou non un phototype. Synonymes : cliché – diapositive – épreuve – instantané
3- Ensemble des techniques d’enregistrement de rayonnements électromagnétiques par des procédés photochimiques.
4- Description précise et objective visant à définir un état, à un moment donné : Les sondages sont une photographie de l’opinion.
Pas beaucoup d’émotion dans tout ceci …
Pour Wikipedia, « La photographie est un art visuel, qui consiste à enregistrer un sujet en image fixe, avec un ensemble de techniques, de procédés et de matériels. […] Les usages de cette technique ont évolué, et sa dimension professionnelle et artistique a notamment été reconnue. »
Les débuts de la photographie
En 1822, Nicéphore Niepce parvient par la simple action de la lumière à copier le portrait dessiné du pape Pie VII sur une plaque de verre enduite de bitume de Judée, une substance photosensible qui durcit lorsqu’elle est exposée à la lumière.
On lui attribue la première vraie photographie en 1826 ou 1827. Cette photographie, intitulée « Point de vue du Gras », a été prise depuis de sa fenêtre à Saint-Loup-de-Varennes, avec un procédé appelé héliographie qui utilise une plaque d’étain recouverte de bitume de Judée. L’exposition a duré environ huit heures.
Niepce collabora ensuite avec Louis Daguerre pour concevoir un procédé photographique amélioré baptisé physautotype, précurseur du daguerréotype. Ils signent un contrat d’association qui stipule que l’invention est due à Joseph Nicéphore Niépce. Mais la mort subite de Niépce le 5 juillet 1833 laisse le champ libre à Daguerre, qui s’attribue le mérite principal de l’invention de la photographie. Entre 1833 et 1839, il met au point le procédé qu’il décide d’appeler daguerréotype, basé sur les propriétés de l’iode comme agent sensibilisateur sur une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent. Utilisant le principe du développement d’une image latente, ce procédé raccourcit le temps de pose de quelques heures à quelques dizaines de minutes seulement.
Cette découverte, communiquée en janvier 1839 à l’académie des sciences est acquise dès l’été 1839 par l’État français contre une pension annuelle de 6 000 francs à Daguerre et de 4 000 francs au fils de Niécephore Niépce. L’engouement du public est immédiat. Le daguerréotype se répand rapidement dans toute la France, en Europe, puis dans le monde entier.
Photos documentaires, journalistiques
Peu de temps après l’invention de la photographie, les premiers reportages photographiques ont jeté les bases du photojournalisme moderne, utilisant la photographie non seulement pour documenter des événements mais aussi pour les raconter de manière narrative et émotionnelle. On peut notamment citer :
Roger Fenton : Envoyé en Crimée en 1855, son travail documentant les soldats et leurs conditions de vie pendant la guerre est souvent cité comme l’un des premiers reportages photographiques de guerre. Ses photos étaient principalement mises en scène et ne montraient pas les horreurs du champ de bataille, mais elles ont marqué le début du photojournalisme de guerre.
Mathew Brady a pour sa part constitué une équipe de photographes pour documenter la guerre de Sécession aux États-Unis (1861-1865). Son studio a produit une vaste archive d’images de champs de bataille, de soldats et des scènes de campement.
Photos artistiques
La première photographie considérée comme une œuvre artistique est une image d‘Hippolyte Bayard prise en 1840, un an seulement après la présentation du procédé de Daguerre. Bayard avait inventé un premier procédé photographique de négatif sur papier. Il met au point en mars 1839 un second procédé permettant d’obtenir directement des positifs par l’exposition dans la chambre noire d’une feuille de papier préalablement sensibilisée. En juillet 1839 il présente la première exposition de photographies de l’histoire.
Mais il arrive trop tard, l’académie des sciences soutient déjà le procédé de Louis Daguerre et entre-temps, l’Anglais William Henry Fox Talbot a inventé un procédé de négatif-positif, supérieur au sien, qui se voit relégué au deuxième plan.
Frustré par le manque de reconnaissance pour son invention, Bayard crée une mise en scène intentionnelle où il se présente comme un noyé. Cette photo est restée comme le premier exemple de l’utilisation de la photo pour transmettre un message ou une émotion, au-delà de la simple reproduction de la réalité.
Dans les années 1860, Julia Margaret Cameron est devenue célèbre pour ses portraits et ses compositions allégoriques, souvent inspirées de la littérature et de la mythologie. Ses photographies se caractérisent par une approche floue et rêveuse, visant à capturer l’âme et l’émotion.
Ces photographes et leurs œuvres ont contribué à établir la photographie non seulement comme un moyen de documentation mais aussi comme une forme d’art à part entière.
Photomontages, retouches trompeuses
Il n’a pas fallu attendre longtemps après l’invention de la photographie pour que certains aient l’idée, l’envie artistique, de faire autre chose que de faire poser quelqu’un devant un appareil.
Dès 1857, Oscar Gustave Rejlander combine plusieurs négatifs pour créer une scène allégorique qu’il intitule « The Two Ways of Life ». Cette composition complexe est considérée comme le premier photo montage.
Mathew Brady n’était pas seulement un photo reporter, c’était également un maître de la retouche, et bien avant photoshop ! Il est connu pour avoir réalisé plusieurs portraits d’Abraham Lincoln, a qui l’on doit l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis. Ses portraits étaient travaillés pour minimiser l’aspect dégingandé et émacié du président. Le portrait ci-contre de Lincoln en 1960 n’a de lui que la tête. Tout le reste vient d’un portrait de John C. Calhoun, politicien pro-esclavage, peint par Thomas Hicks. La supercherie n’a été découverte que près d’un siècle plus tard, en observant que Brady avait inversé la tête de Lincoln, ce qui plaçait son grain de beauté du mauvais côté.
Si la photo de Rejlander ci-dessus est manipulée techniquement avec une intention purement artistique, d’autres ont eu l’idée de le faire avec des intentions beaucoup moins louables. Des exemples célèbres montrent des personnages publics effacés sur des clichés au gré des changements de régime. Ci-contre à gauche une photo de Staline en 1924 et la même à droite publiée en 1939 alors qu’il était au pouvoir !
Le développement logiciel a certes beaucoup facilité ce travail de retouche mais celui ci existait bien avant la photo numérique.
La photo : un art aux multiples facettes, depuis sa création
On voit à partir des exemples ci-dessus que les différents usages de la photographie, bons et mauvais, ont été quasiment co-créés en même temps qu’elle. Et ce n’est guère étonnant car le besoin de représenter le monde de façon réaliste, documentaire ou journalistique mais aussi allégorique et artistique, existait bien avant l’invention de la photographie. Bien que la majorité des scènes dans les grottes préhistoriques ornées soient réalistes et naturalistes, certaines peuvent être interprétées comme ayant des dimensions allégoriques ou symboliques. Les bas reliefs, les fresques des temples montrent des scènes de la vie quotidienne, de guerre, mais aussi des êtres fantastiques. Les peintres de toutes les époques ont utilisé ces différents modes de représentation du monde. Pourquoi en serait-il autrement pour la photographie ? La photographie n’est qu’un outil parmi d’autres pour s’exprimer. Elle offre le même champ des possibles que la peinture et avec encore plus de liberté et de facilité depuis qu’elle est devenue numérique.
Photo souvenir, photo perso
La photo, surtout depuis qu’elle ne nécessite plus de longues minutes de temps de pose et que le matériel s’est miniaturisé, permet de saisir des « instantanés » comme le rappelle la définition du Larousse, ouvrant la voie à des photos plus spontanées pour ce qui est des portraits et à une grande variété de sujets.
On estime qu’en 2023 plus de 1.4 milliards de photos ont été prises chaque jour ! L’arrivée des smartphones, qui met un appareil photo dans toutes les poches, et celle des réseaux sociaux qui incitent à partager ses clichés a fait exploser ce nombre.
Beaucoup, sinon la majorité de ces instantanés ne seront cependant vus que pendant une brève période (regarde ce que j’ai mangé au restaurant, admire moi devant le temple de Lempuyang à Bali !).
D’autres ne seront partagés qu’avec la famille ou les proches ayant vécu ensemble un événement comme un anniversaire, un mariage. Dans cette rubrique, on peut également ranger les « photos carte postale » : photos qui permettent de se souvenir d’un voyage, d’un lieu, d’un monument mais sans intention particulièrement journalistique ou artistique derrière. Leurs qualités photographiques, artistiques, peuvent être bien présentes, mais elles sont secondaires par rapport à la charge émotionnelle qu’elles portent, support de précieux souvenirs. Elles seront toujours irremplaçables et ne sont pas près de disparaître.
Les neuro scientifiques des générations futures auront matière à étudier comment ces supports visuels impactent ou non notre capacité de mémorisation, de traitement de l’émotion.
Ci-dessus : Bali, temple de Lempuyang. Certains touristes font jusqu’à 4h de queue pour qu’on prenne d’eux en 1 minute chrono 6 photos (pas une de plus !) au smartphone…
Photos naturalistes, documentaires, journalistiques, historiques
Il est clair qu’un des avantages de la photo c’est de permettre l’enregistrement d’une scène, bien plus facilement et rapidement qu’avec une peinture ou un bas relief ! Mais ce n’est pas parce que c’est une de ses fonctions que c’est la seule acceptable.
On admet implicitement qu’une scène de bataille sur un temple égyptien ou khmer n’est pas une représentation historique exacte, ou qu’un tableau ne représente pas nécessairement la réalité. Mais par défaut, on s’attend à ce qu’une photo le fasse et on demande, ou même exige, que l’auteur indique si ce n’est pas le cas, ce que l’on ne demande pas à un peintre.
Et pourtant… Un peintre payé pour réaliser un portrait met rarement en évidence la vilaine verrue ou l’air méchant de son modèle.
Certaines princesses ont ainsi transmis des portraits bien flatteurs à leur futur époux.
En 1539, Henri VIII cherchait une nouvelle épouse après la mort de Jane Seymour, sa troisième femme. Pour des raisons politiques, Thomas Cromwell, le principal conseiller du roi, suggéra Anne de Clèves, une princesse allemande. Hans Holbein le Jeune, l’un des peintres les plus renommés de l’époque, fut envoyé en Allemagne pour peindre un portrait d’Anne afin que le roi puisse évaluer sa beauté avant de l’épouser. Le portrait ci-contre qu’il a réalisé la montrait sous un jour très flatteur.
Lorsque Anne arriva en Angleterre, Henri fut profondément déçu par son apparence et tenta de faire annuler ses fiançailles. Le mariage fut prononcé pour ne pas compromettre l’alliance avec Clèves, mais annulé six mois plus tard, officiellement pour fait de non-consommation et des fiançailles antérieures d’Anne avec François Ier de Lorraine.
De nombreux tableaux « historiques » sont également connus pour donner une version bien arrangée de la réalité. Le peintre David a ainsi présenté « Napoléon franchissant les Alpes » sur un cheval fougueux dans une pose héroïque et dramatique, pointant vers l’avant alors qu’historiquement, Napoléon a traversé les Alpes en suivant un itinéraire difficile, monté sur un mulet. Les exemples de ce type ne manquent pas, et à toutes les époques.
Ethique et photographie
L’éthique s’applique à tous les aspects de la photographie, incluant la capture de l’image, son traitement, sa diffusion et son utilisation. La volonté, ou l’absence de volonté de tromper peut se loger à chacune de ces étapes, pas seulement lors du post traitement.
Si la retouche sur la photo de Staline montre à l’évidence une intention de tromper, que dire d’un photographe qui congèle un insecte pour le positionner à sa guise sur une feuille, ou qui nourrit des animaux sauvages pour les prendre en photo ? Même si aucun post traitement n’est ensuite fait sur cette photo, est-elle éthique pour autant ?
Les photos de la guerre de Crimée de Roger Fenton ne montrent aucun des aspects brutaux de cette guerre. Dans la photo ci-dessus, la scène n’a surement pas demandé des heures de pose. Il aurait donc été techniquement possible de montrer des hôpitaux de campagne ou un champ de bataille. En 1855 comme aujourd’hui, le choix du sujet, la focale utilisée, englobant toute une scène ou se focalisant sur des détails, influencent considérablement le message transmis. Sans même avoir l’intention manifeste de tromper le public, comme dans la photo de Staline, le reporter ne voit qu’une petite partie d’une situation, et il ou elle ne peut complètement se libérer de sa culture, de ses émotions, sans parler de son rédacteur en chef. Il n’y a pas de « vérité » qu’il faudrait transmettre par une photo. C’est une utopie. Il y a des points et des prises de vues variés d’une situation. Disposer de plusieurs sources d’informations, relayant diverses opinions, que l’on peut croiser, reste le meilleur outil pour s’assurer d’appréhender une situation du mieux, ou du moins mal possible. Enseigner dès l’école aux enfants à analyser les documents, les photos, c’est un rempart indispensable pour éviter la propagation des fake news ou des théories complotistes.
Photos artistiques
L’intention de tromper, que l’on trouve aussi bien en peinture qu’en photo est évidemment sans objet en ce qui concerne la photo artistique. Dans le respect de ses modèles éventuels et du droit à l’image et à la publication, l’artiste a tous les droits ! Son objectif est de déclencher une émotion. Celle ci peut être positive comme négative. Devant une toile unie blanche, ou face à une banane scotchée sur un mur, certains crient au génie, d’autres au f.. de gueule, mais ça fait réagir. L’artiste a tous les droits et le spectateur a aussi tous les droits d’aimer ou non.
Quand on voit une petite fille avec des ailes dans le dos, on ne pense pas une seconde que l’auteur a voulu nous tromper, nous faire croire que les anges existent vraiment (quoique 😉). Nul besoin de préciser qu’il s’agit là d’une oeuvre d’imagination de l’artiste, même si la base est bien une photo.
Spontanément, beaucoup de personnes ne pensent cependant à la photo que dans l’acception exclusive de « description précise et objective visant à définir un état, à un instant donné » et considèrent le post traitement comme un « trucage », du « photoshoppage » ou autre terme avec une connotation négative. Certains vont jusqu’à réfuter le fait qu’on utilise le terme de photographie pour des images éditées.
Beaucoup de smartphones sont justement « smart » : s’ils voient que l’on prend une photo de coucher de soleil, ils accentuent les couleurs chaudes, ou le ciel bleu et le vert de la prairie si c’est une photo de paysage. Il diminuent la netteté sur la peau pour les portraits pour masquer les imperfections, ajoutent du flou d’arrière plan. Sur une photo de groupe ils peuvent combiner plusieurs photos pour en sortir une ou tout le monde sourit. Bref ils font déjà un gros travail de post production, mais un travail sur lequel le photographe a peu, ou pas du tout, la main.
Prendre ses photos en jpeg, avec un smartphone comme avec un boitier haut de gamme, c’est laisser au matériel le choix du post traitement.
Même les boitiers experts utilisent de plus en plus l’IA pour ajuster l’exposition, les couleurs, et ceci d’une manière qui varie suivant le pays d’achat du boitier pour être en accord avec les habitudes culturelles de l’acheteur.
Certains publient « un raw » en ajoutant, comme si c’était la qualité ultime, « aucune retouche ». Là encore c’est oublier qu’on ne peut pas publier sur internet ou imprimer un fichier numérique raw qui n’est qu’une suite de 0 et de 1 et que celui-ci a été nécessairement traduit en image visible. Cette traduction varie grandement suivant le profil colorimétrique qui est appliqué par le logiciel de dématriçage (derawtisation). Par conséquent prendre une photo, même en raw, et ne « rien faire » dessus c’est en fait laisser la machine choisir à sa place. Pas très satisfaisant ! Un cliché raw, brut DOIT être développé pour être simplement visible. Et c’est au photographe de choisir la façon dont il veut restituer l’émotion qui l’a fait appuyer sur le déclencheur.
On peut regretter à juste titre, que sur certaines photos, le traitement devienne son principal intérêt. On dit souvent qu’il y a trois choses essentielles pour faire un bon film : le scénario, le scénario et le scénario. Pour une photo c’est pareil : l’essentiel c’est le sujet, le sujet et le sujet ! Sans sujet l’oeil quitte de suite la photo et il n’y a pas d’émotion qui puisse être produite. La photo c’est écrire nos émotions avec la lumière. Le post traitement doit exclusivement servir à mettre ce sujet en valeur.
Faut-il que le photographe précise son intention ?
Je n’ai jamais vu dans un musée de notice explicative sous une toile disant que l’artiste a volontairement mis des touches de couleur au lieu de dessiner avec soin des coquelicots. Ou qu’il a mis un cheval dans le paysage qui n’y était pas quand il a posé son chevalet. Est-ce que j’aime une toile parce que le peintre a utilisé tel ou tel pigment, a ajouté un collage ou s’en est abstenu pour faire une « vraie » toile ? Pourquoi exiger du photographe qu’il explique comment il a abouti à sa photo ?
Dans la mesure ou un photographe ne prétend rien sur sa photo, qu’il n’affirme pas par exemple « c’était exactement comme cela » alors qu’il a supprimé des touristes, augmenté la saturation, changé le ciel, pourquoi lui demander des comptes sur son image ? Le spectateur est toujours en droit de ne pas aimer. Mais pourquoi une photo serait elle plus « aimable » parce que le touriste n’a pas été supprimé ? Qui me dit que cette femme et cet enfant étaient là quand Monet a peint son tableau ? Est-ce que le fait de le savoir change mon regard sur l’oeuvre ?
Dans la majorité des situation, l’intention du photographe est évidente.
– Si je lis un quotidien et que je vois une photo de reportage, je ne cherche pas à l’interpréter de façon artistique, et si le photoreporter a modifié cette image de telle sorte qu’elle change de sens, par exemple en faisant disparaître un immeuble en ruine, ou en ajoutant un personnage, c’est évidemment un manquement grave à l’éthique qui n’est pas acceptable.
– Si une amie me montre les photos de ses petits enfants, non seulement cela m’est bien égal qu’elle ait supprimé en post traitement la poubelle rouge, ou flouté l’arrière plan, mais je préfère qu’elle le fasse pour que le sujet soit mis en valeur et que mon attention ne soit pas attirée par des éléments sans aucun intérêt car ne participant pas à l’histoire que raconte cette photo.
– Si dans une exposition, un club photo, ou sur un groupe dédié à la photographie je regarde une photo il va de soi que l’auteur est dans une démarche artistique, surtout si le groupe se consacre à l’apprentissage des techniques de post traitement.
Connaître les exifs n’est intéressant que lorsque les choix techniques sont déterminants pour le résultat (pose longue, photos de nuit, profondeur de champ…). Il me semble tout à fait normal de les donner, et d’indiquer les principales étapes du développement, si elles sont demandées dans le cadre d’un apprentissage. Mais sinon, leur connaissance ne fait pas aimer plus ou moins le résultat, tout au plus admirer la maîtrise du photographe. Et en tous cas ce n’est jamais une indication de la « véracité » d’une photo.
La question de la véracité d’une photo se pose depuis plusieurs années dans le domaine scientifique. Les grands journaux scientifiques (Nature, Science…) passent de plus en plus de temps, et d’argent, à vérifier les figures proposées pour un article. On demande aux auteurs de fournir un nombre sans cesse croissant de fichiers originaux, de données brutes, de photos non recadrées. Des logiciels comparent dans tous les sens les photos et les textes à des bases de données d’articles. Cela limite considérablement la fraude, mais cela ne l’empêche jamais à 100%. Des chercheurs et des sites (pubpeer) se sont spécialisés dans la recherche d’images trompeuses dans les publications, et ils en détectent tous les jours.
Alors, si dans un groupe ou dans un concours photo on demande aux auteurs de prouver qu’ils sont bien les auteurs de la photo, que celle-ci n’a pas été « exagérément » modifiée, cette exigence est bien difficile, sinon impossible à vérifier.
Il faudrait déjà définir cet « exagérément » et surtout il faudrait avoir les moyens de vérifier que la règle est bien respectée.
Donner les exifs d’une photo n’est en rien une assurance. Même les fichiers raw peuvent être modifiés.
Restent les bonnes questions : est-ce que cette photo est belle ? Est-ce qu’elle procure une émotion chez moi ? Si c’était un tableau est-ce que je me poserai la question de l’aimer ou non ?
Et l’IA dans tout ça ?
Il est impossible aujourd’hui, en 2024, d’anticiper les changements que l’IA apportera dans tous les domaines. Pas plus qu’au début des années 90 on ne pouvait anticiper l’impact d’internet.
Ce qui est certain c’est que ce domaine ne va cesser de se développer et de progresser techniquement. C’est un outil. Et comme pour tous les outils, ce qui est important, c’est ce qu’on en fait.
Même si des marqueurs sont ajoutés aux images générées par IA, qui ira vérifier leur présence, mis à part peut être quand la photo a un impact politique, journalistique important ?
Récemment une vraie photo, d’un flamant rose, est arrivée sur le podium d’un concours d’images générées par IA ! Inversement un concours international renommé de photo a été piégé par une photo générée par IA. On le sait parce que dans les deux cas les auteurs se sont « dénoncés ». Mais cela montre bien la difficulté d’identifier la part de l’IA dans une photo.
Ce que je crains pour ma part avec l’IA, ce n’est pas tant son usage, que l’habituation de nos cerveaux à des images très spectaculaires. Déjà les filtres Instagram et les outils de modification de nos photos sur les smartphones ont entrainé une multiplication d’images très saturées, avec des ciels dramatiques, des ambiances très fortes. L’IA ne va que renforcer cela je le crains, car c’est comme pour toutes les drogues : on s’habitue, on se désensibilise et pour obtenir le même plaisir, le même effet, il faut augmenter la dose.
Mais heureusement, les photos de nos proches, des bons moments, celles qui nous procurent des émotions seront toujours là. Je suis pour ma part convaincue que l’IA ne tuera jamais la photo. Même si il y a beaucoup mieux que la photo du zoziau sur sa branche que j’ai prise, même si l’IA en ferait une bien plus spectaculaire, ça ne remplacera jamais le souvenir que j’ai de cet affut !
En guise de conclusion
Retenons qu’il n’y a pas UNE définition de la photo (la notre !). La photo est un art multiple et il y a un continum depuis la photo prise au smartphone et partagée de suite et le photo montage ou la photo fine art qui ne garde que quelques éléments de la photo de départ et demande des heures de post traitement. Toutes ces utilisations sont nées en même temps que la photo, toutes y ont leur place et l’IA prendra la sienne à terme.
Au lieu de nous focaliser sur nos craintes, sur ce qui pourrait arriver ou au contraire disparaître, regardons une image pour ce qui nous fait du bien, ce qui nous procure une émotion, ce que l’on trouve beau, sans chercher forcément à décortiquer comment cela a été fait. Il y a assez de sujets d’inquiétude et de choses moches à voir pour en rajouter 🙂
Article rédigé par Florence Cabon, FotoFlo.
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Et vous, comment définiriez vous l’art photographique ? Dites le en commentaire ci-dessous !
Je crois pas qu’au fil de ces différentes interventions la distinction entre photographie et image est été mentionnée.
J’ai tendance à penser qu’une image peut être issue d’une photographie, que la production quelle qu’elle soit d’une IA ne sera jamais qu’une image et qu’une œuvre artistique issue d’une photographie largement interprétée, modifiée par quelques moyens que ce soit devient une image au même titre que l’œuvre d’un peintre n’est pas une photographie mais un tableau.
Les couleurs, le contraste, la saturation ne sont intrinsèquement que des interprétations, l’œil de Paul ne voit pas la même chose que l’œil de Pierre. Par contre ajouter ou supprimer un arbre d’un cliché ou les taches de rousseur d’un modèle transforme immédiatement la photographie en image, c’est une fiction.
Ne pas reconnaitre une personne avec sa photo récente entre nos mains veut dire que l’on a une image entre nos mains, une interprétation, c’est là pour moi la différence entre « une vraie photo » et une image.
Histoire de relancer le bouchon IA jetez donc un coup d’oeil la dessus :
https://www.numerama.com/tech/1396326-cet-appareil-photo-sans-capteur-ni-objectif-affiche-une-vision-inedite-du-monde.html
Pour moi « sans capteur » = ce n’est pas une photo, mais ………..
Ayant, dans l’antiquité », pratiqué l’argentique beaucoup de photos de cette époque devraient selon toi être qualifiée de « fausses » photos car la retouche n’a pas été inventée par et pour le numérique.
Pour revenir sur le « baiser » la seule chose que l’on puisse reprocher à Doisneau c’est de ne pas avoir explicité que cette image résultait d’une mise en scène ce qui à mon avis n’altère en rien sa charge émotionnelle.
A propos de la retouche numérique que crois tu qui se passe dans ton « appareil photo » (qui est plutôt un ordinateur photographique) ?
Les outils existent libre à chacun de décider de s’en servir ou non.
Ceci dit je pense qu’une « vraie » photo résulte du bidouillage (éventuellement absent) d’une ou plusieurs images issues en majorité d’une ou plusieurs prises de vues.
Enfin pour pinailler l’objectif n’est pas indispensable à la prise de vue (sténopé, héliographie, …)
Bonjour, très bon article. Je reviens sur la definition de Wikipedia que vous donnez en intro. la photographie est un art visuel, c’est vrai mais de nos jours peut être que ce n’est pas assez précis. Pour moi une photographie est une image qui a été produite par un appareil photo, ou d’un appareil qui dispose d’un capteur d’une optique …, comme un smartphone. Une image générée par IA peut être tres belle, artistique, mais peut on l’appeler photographie? Autre point la question des compétences, il y a quelques décennies si on voyait une tres belle photo, on pensait que l’auteur était probablement un bon photographe . De nos jours on peut voir une tres belle ‘photo’ mais est ce qu’elle est le résultat d’un bon photographe ou d’un bon informaticien (retoucheur) ? Pour beaucoup de photographes cela peut donner l’impression d’une tromperie. Un exemple autre que lié aux retouches . Pourquoi admire t-on Cartier Bresson, pour son art de la composition et son ‘genie’ de capturer l’instant, c’est une des qualités que l’on attend en street photographie . Exemple Baiser à l’hôtel de ville de Doisneau, si on découvre que le photographe a réuni 2 acteurs pour faire la photo , l’image est la meme, mais est ce que cela ne change pas notre appréciation ?
Je partage tout à fait cette distinction entre une photo à usage personnel ou familial, et une photo partagée en public. Il y a un continuum entre consensuel et clivant il me semble, même si à l’échelle individuelle la balance penche plus dans un sens que dans l’autre, et pas forcément le même pour tout le monde.
Je ne trouve pas pour ma part que la définition du Larousse soit suffisante. Elle est technique mais omet la dimension artistique. Quant à poser la question de la réalité… encore faudrait-il pouvoir la définir et je pense que personne n’y est encore arrivé !
Tout à fait d’accord. Du reste l’artiste qui scotche une banane sur un mur le fait-il pour qu’on trouve cette banane belle ? Je ne me pose pas la question de savoir si une photo doit être belle pour être forte, intéressante.
Je me demande toujours si ce que moi j’appelle rouge n’est pas vu comme du jaune pas un autre que moi 🙂 Ce qui est certain c’est que nous sommes loin d’être les champions dans le monde animal pour voir des nuances de couleur. Mais même la définition de « belles » couleurs est tellement subjective…
Pourquoi me froisser ? Je ne dis pas autre chose.
C’est sur qu’il manque à la photo la vision 3D. J’ai eu l’occasion de voir des plaques stéréoscopiques d’un hôpital de campagne pendant la guerre de 14. Même en 2D la vue aurait été poignante, mais en 3D, je m’en souviendrai toute ma vie…
Un de mes rares souvenir du cours de philo élémentaire est que réalité et vérité sont 2 notions distinctes :
la vérité est la perception de la réalité par un observateur humain, « à chacun sa vérité » !
Clair, net et je suis 100% d’accord avec toi mmm si mes photos ne sont pas les tiennes.
En complément : la question à se poser « une œuvre d’art doit elle être belle ? »
Selon moi l’esprit humain possède (schématiquement) 3 modes de fonctionnement auxquels s’adressent diverses disciplines
1 – la raison à qui s’adresse « la » science
2 – la foi à qui s’adressent les religions
3 – l’émotion à qui s’adresse l’art
D’où j’en conclut qu’une œuvre d’art, pour être reconnue comme telle, doit seulement provoquer une émotion chez celui qui la contemple, la beauté n’étant alors qu’une option parmi d’autres.
100 % d’accord avec l’autrice à tel point que je n’envoie plus de photo aux concours qui limitent la post production au « strict minimum » vu que je ne donne pas dans le journalisme.
Quant aux couleurs « vraies » : je viens d’être opéré de la cataracte de l’œil droit (le gauche c’est pour fin aout) conclusion (provisoire) la balance des blancs est différente pour chaque œil : rendu froid à droite, chaud à gauche avec une différence (pifométrée) de 1500 à 2000°K entre les 2 yeux ……..
Alors oubliez la notion de « VRAIES » couleurs et cherchez plutôt à obtenir de BELLES couleurs
Comme en phrases poétiques, tu exprime parfaitement mon ressenti…
Les mots « réalité »… »vraie » sont tellement des notions purement humaines.
Donc bien vaines, non ? Vanitas, vanitatum…
Sans vouloir froisser Florence Cabon, je crains fort qu’en dehors du plaisir du débat, on ne peut aboutir rationnellement à ce qui ne l’est pas, justement !
le mot photographie signifie écrire avec la lumière
depuis la création de la photographie et le différent support existant plaque de verre, support gélatine et numérique cela se fabrique avec l’impression de la lumière
Voilà pour la théorie
Après tout support photographique mérite ou pas un traitement derrière et c’est là que la question se pose la question d’une vrais photo; aprés rien n’est parfait du premier coup c’est que rentre en compte la retouche d’images et traitement numérique et d’aide par l’intéligence artificiel ou la possibilité maintenant de créer ce que sont esprit peu concevoir avec l’intéligence artificiel
les peintres à l’époque peignaient-ils réellemnt de qu’il voyait ou ce qu’ils resentaient
that is the question
A chaque discussion sur ce sujet deux mots ressortent inévitablement, le beau et la réalité. Mais comment définir la beauté ? Et surtout qu’est-ce que la réalité ? Existe-t-elle seulement ? Lorsqu’un enfant dessine sa famille à table, on verra des assiettes et couverts en vue de dessus et les verres en vue latérale, Maman sera dessinée beaucoup plus grande que tonton, peut-être aussi que Papa, cela dépendra de l’enfant. Peut-on dire alors que ce dessin n’est pas le reflet de la réalité ? Il en va de même pour la photographie. La vie n’est pas en noir et blanc, qui aurait l’idée de reprocher à une photo noir et blanc de ne pas refléter la soi-disant réalité ? Même chose avec les focales (ne devrait-on faire que des sténopés sous prétexte que les déformations liées à l’objectif déforment la « réalité » ?), ou avec l’ouverture choisie, la balance des blancs, la durée d’exposition etc… Je ne sais pas ce qu’est une vraie photo, peut-être simplement parce que cette phrase m’est totalement abstraite. Un jour en regardant une de mes photos d’étoiles ( photo à laquelle je n’accordais pas particulièrement d’importance) une inconnue m’a écrit pour me dire qu’elle n’avait jamais ressenti une telle émotion en voyant une photo d’étoiles. C’est certainement là l’essentiel …
Si l’on souhaite savoir ce qu’est une « vraie » photo, le Larousse fournit une réponse qui suffit largement.
Si l’on dérive sur la question de savoir si photo et réalité doivent être synonymes, la réponse est assurément NON, et pour ceux qui s’interrogent pour savoir ce qu’est une « bonne » photo, la meilleure réponse que je connaisse est celle-ci : « une bonne photo est celle qui correspond à l’usage qu’on en attend ».
Trois questions qui ne doivent pas être confondues, à mon sens…
Bonjour,
Merci pour toutes ces précisions.
Pour moi, une bonne photo est celle qui plait instantanément, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Et sans s’attacher à cette horrible règle des tiers, mais en mettant en pratique les excellentes formations Lightroom et Photoshop d’Olivier.
Et comme une photo doit, pour moi, refléter la réalité (quitte en l’améliorant), je viens de trouver un moyen de les voir en 3D, en vrai relief.
En effet, au cours de mes nombreux voyages à travers le monde, j’ai souvent doublé mes photos en les décalant, pour pouvoir les voir en relief plus tard.
Et aujourd’hui j’ai trouvé le moyen de les afficher sur un casque virtuel, sur grand écran et avec une netteté et un rendu exceptionnels. Je ne suis plus devant un paysage, par exemple, mais « dedans », avec l’illusion de le voir réellement.
Quelle différence avec mon premier appareil photo bricolé quand j’étais gamin, avec une boite à chaussures percée d’un trou dépingle à une extrémité et dotée d’un papier calque à l’autre extrémité (puis d’un papier sensible à la lumière) !
Quel beau sujet pour l’épreuve de philo du bac. Si je conserve une photo pour moi seul, je lui donne une véracité très personnelle et pas nécessairement partageable. Quelle que soit sa qualité technique et/ou esthétique, son caractère « vraie » me convient. Dès lors que je veux montrer une photo ( réseaux sociaux, publication papier ou expo), c’est d’abord celui qui la regarde qui peut la trouver vraie ou non vraie en fonction de ses propres critères techniques ou esthétiques. Je dois donc montrer une vérité soit clivante, soit consensuelle. Sauf à être un grand nom de la photographie , auquel cas ma vérité s’impose du fait de la renommée de mon travail. Voilà donc qques éléments de ce que m’inspire la question posée.
Je n’excluait pas le développement soigné de photos ni la retouche et je ne réduisait pas l’art photographique à la prise de vue mais indiquait que selon moi si on parle de photographie et d’art photographique cela passe nécessairement par la prise de vue. Fabriquer une image par tout autre moyen est tout à fait respectable et peut générer des œuvres mais il s’agit d’autre chose que de la photographie. La notion de « vraie » reste un débat souvent stérile. Et je voulais aussi dire que pour faire de la photographie où l’on veut traduire une émotion (et c’est en effet l’essentiel quelle que soit l’émotion en question), investir dans la prise de vue est formateur (lumière avant tout, exposition, choix du décor ou de la scène, composition, cadrage, …). Passer plus de temps à la prise de vue est un moyen de faire plus de photos, de pratiquer la photographie et d’y progresser.
Pour autant, il m’arrive de passer du temps (parfois beaucoup) à soigner longuement un développement voire à retoucher une photographie mais on ne peut le faire sur toutes ses prises de vue, loin s’en faut et donc réaliser une bonne prise de vue des le départ reste un atout important.
Merci Florence.
J’ai oublié d’évoquer un point important pour le grand public (et les débutants en photo) convaincus qu’une photo brute de traitement, est le « reflet de la réalité » surtout en couleurs !
La pellicule et le capteur sont différents suivant les marques, les firmwares aussi, les objectifs etc. déjà ça les interpelle.
Je conclue par la perception de nos yeux si différents suivant la personne aussi, et je vois des regards ébranlés dans leurs certitudes. Et je me garde de rentrer dans la magie du cerveau qui est le grand interprète, l’œil n’étant qu’un transmetteur passif…
Avec tout ça comment peut on parler de « vrai photo » ?
J’aimerai beaucoup savoir qui peut définir réellement ce binôme ???
Il y a pire ; sur un forum un photographe « pro » (qui signe pompeusement ses images) se permettait d’affirmer l’existence de la « photo parfaite ». Je me suis attrapé avec lui et j’ai eu tort ! Résultat négatif très décevant !
merci pour cet article, « vraie » de nos jours on ne sait plus trop, et vous nous avez donné des exemples l’ IA peut- être bien pratique dans certains cas, en ce qui me concerne l’ IA c’est moi, c’est moi qui décide, je fais beaucoup de montages, de créations mais avec mes photos .. donc pour moi une vrais photo .. c’est la mienne et j’espère le faire encore longtemps.
merci encore
Merci de ce commentaire. Je pense que nous sommes formatés à ranger les choses dans des petites cases bien carrées, avoir des définitions simples. C’est rassurant. On crée des règles, et puis très vite quand même on trouve des exceptions à la règle (il n’y a qu’à voir l’ortographe en français !). Et il y a en effet des gardiens du temps de ces règles. Mais les règles évoluent heureusement avec le temps. Et les dinosaures ont fini par disparaître 🙂
Beaucoup rejettent l’IA par principe. Ce n’est pas mon cas mais j’avoue que j’accroche peu en général avec les images constituées essentiellement d’IA ou dans lesquels l’intervention de l’IA saute aux yeux. Cela parait facile à faire mais les résultats font souvent artificiels, avec des couleurs pas toujours harmonieuses. Difficile pour le moment pour moi d’en faire autre chose qu’un amusement. Mais s’exercer à reproduire le style d’un photographe ou d’un peintre qu’on admire, c’est une excellente façon de progresser.
Bien sur cet article est excellent et envisage presque toutes les évolutions et les dérives.
Cependant il ne sera lu que par des photographes amateurs ou pros, passionnés donc qui ont chacun leur vision.
C’est pour cela que, personnellement, je vois plus clair depuis le numérique surtout. Il est impossible de parler, et surtout d’envisager, qu’il existe de « vrai photo » tellement les procédés et les techniques ont évolués. Et qui aurait « les clés du temple » de la vrai photo, de la vérité vrai ?
Pourtant, surtout dans le grand public, mais aussi sur des forums ou dans des clubs, je vois encore de nos jours des gardiens du temple auto-déclarés qui croient dur comme fer à ‘la vrai photo » !
J’ai fait du diaporama qui est vite devenu un audio-visuel (défini par la FPF) pour sortir du défilement basique de photos des soi disant applications de diaporamas que l’on trouve dans beaucoup de logiciels Dans ce domaine il y a aussi des « gardiens du temple » qui prétendent savoir ce qu’est un « vrai diaporama » et fustigent les hérétiques !!!
Bref, on n’est pas sorti de l’auberge de cette polémique de ceux qui veulent toujours s’accrocher à des repères, des certitudes, des règlementations, des oukases, que sais je ?
Comme il est dit dans l’article on ne pose plus de questions en peinture sur l’intention ?
J’essaie d’expliquer aux détracteurs que dans la photo (comme en peinture) le champ des possibles est infini en résumé je conclus par « tout est possible et tout est permis »
Et je leur demande qui sont ils pour définir des règles ? Qui peut le faire ? Et comment les appliquer. Je vois bien que je les ai rarement convaincus mais au moins ai je écarté leurs œillères ?
Claude Portier
Merci 🙂 Le moment de la prise de vue est clé évidemment. Le choix du cadrage, du temps de pose, choisir d’intégrer ou non cet arbre, ce panneau, ça peut changer complètement le sens d’une photo et je te rejoins sur le fait qu’il n’y a pas de bonne image sans bonne prise de vue. La difficulté quand on regarde une image qu’on n’a pas faite soi même c’est qu’on ne sait pas comment elle a été faite. Il sera de plus en plus difficile de déterminer la part éventuelle d’IA, et encore plus de décider de ce qui est acceptable ou non (hormis évidemment les photos journalistiques ou scientifiques). Reste l’essentiel : est-ce que cette image me parle ou pas ? Je ne te suis pas en revanche sur le fait de définir l’art photographique par le fait que la photo ne nécessite que peu ou pas de post traitement. Les grands photographes avaient, ont, des tireurs ou des imprimeurs sans lesquels beaucoup de photos « brutes » ne passerait pas à la postérité. Quand tu prends une photo en sachant que tu vas lui donner un traitement particulier, que ce soit un color grading, un traitement noir et blanc, fine art , onirique, c’est tout autant (sinon plus ?) de l’art que si un léger développement lui suffit.
Excellent article, Florence !
Il y a peu (ou rien) à ajouter tant les divers points de vue sont abordés avec justesse.
Comme le dit ou le suggère l’article la notion de « vraie photo » n’est pas absolue et dépend du référentiel dans lequel on présente ou publie une photo (photo scientifique ou technique, photo de reportage d’actualité, photo souvenir, photo « artistique », etc…) ou à chaque fois il y aura un mélange de fidélité à la réalité et d’émotion transmise par l’auteur mais qui doit rester cohérent du domaine traité et de l’intention recherchée.
Par contre, comme déjà souligné par certains, utiliser l’IA comme outil d’amélioration pourquoi pas, mais générer largement ou totalement une image avec de l’IA, cela reste une technique de création d’image mais à mon sens pas de la photographie (qui consiste à dessiner/peindre avec de la lumière).
À mon sens la photographie passe donc nécessairement par la prise de vue photographique et s’appliquer à réaliser une prise de vue qui ne nécessitera que peu de post-traitement c’est s’approcher de l’art photographique (n’est ce pas ce que nous proposent les grands photographes ?), ce qui n’exclut bien évidemment pas de s’appliquer à bien développer ses photos.
Fiat lux et puis c’est tout.
Excellent article. Rien à rajouter hormis qu’il y a peu j’ai utilisé une photo pour en faire une rêverie artistique grâce à L’IA. Ce fut un bide 😂. J’avais spécifié que c’était une œuvre avec le concours de L’IA. C’était en partie hommage à un grand monsieur: Storm Thorgerson.
Comme vous le dites si bien, l’émotion est le plus important.
Merci pour ce commentaire intéressant. Quand on regarde une image, rien ne dit comment elle a a été produite. Certaines toiles hyperréalistes peuvent être confondues avec des photos. Des photos peuvent être travaillées dans le sens de l’abstraction, ou de l’impressionnisme. Une vraie photo, de mon point de vue, ne se définit pas non plus par le fait d’être imprimée ou regardée sur un écran. De plus en plus d’expos contemporaines d’art mélangent les toiles, les écrans, les photos. Tant qu’il y a une intention derrière l’image, qu’elle soit documentaire, journalistique, artistique ou encore à imaginer, et que l’auteur parvient à me transmettre cette intention, cette émotion (sans me faire prendre des vessies pour des lanternes), ça me va !
J’aime beaucoup la fin qui appelle à la modestie et à l’humilité 🙂 En photo (comme en musique et en littérature du reste), la quantité d’ « oeuvres » produites et surtout diffusées chaque jour, chaque année, a explosé ces dernières années. Aucun doute que bien peu passeront à la postérité !
Merci pour cet article qui fait du bien. Beaucoup trop « d’intellectualisme » dans la photo en général et pas assez d’émotion ou de créativité.
Ce qui est permis en peinture et autres arts, ne l’est toujours pas en photo. Un photo doit « être brute de décoffrage » et « représenter la réalité ».
Quand ce commentaire m’est émis sur une de mes photos, je remercie la personne d’ainsi tuer la créativité et les émotions.
J’abonde donc dans le sens de cet article et en remercie son auteur.
Sans oublier « que seule l’histoire choisira ce qui restera de nos photos que nous croyons immortelles. »
Mon premier réflexe (pouf pouf pouf) serait de conditionner la notion de « vraie » photographie à l’existence d’un boîtier. Pas de photo sans clic-clac. Reste à définir la notion de boîtier dans un monde où les smartphones modernes sont gavés à l’IA tant à la prise qu’au traitement. Le sujet est complexe, les frontières mouvantes. J’ai moi même un projet d’exposition de vraies photos pour lequel je ne prendrai aucune image. Tout le contraire de ce que j’affirme dans la première phrase.
Peut-être que peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse que procure une image tirée sur un bon support dans une bonne dimension. Et finalement, si la définition de « vraie photo » était conditionnée à l’autre bout de la chaîne par le moyen dont en profite visuellement ?
Certes, une image entièrement générée par IA n’est techniquement pas une photo. Mais qu’en est-il d’une photo dans laquelle on ajoute, par IA ou au développement, un soleil couchant ? Ou d’une image génére par IA à partir d’une photo qu’on fournit (on peut le faire avec certaines IA). Les choses seront de moins en moins noires ou blanches. L’IA est partout et le sera de plus en plus, de façon technique ou « créative » et de plus en plus difficile à déceler. Au début des téléphones portables, beaucoup de personnes refusaient d’en avoir un, revendiquant, avec raison, de ne pas être joignable tout le temps. Certains résistent encore, mais l’usage s’est largement répandu. Mais ce n’est qu’un outil, que l’on peut gérer de différentes manières. Je pense pour ma part qu’il en sera de même avec l’IA qui apportera son lot d’usages très pratiques et son lot de mauvais usages et d’abus.
Je ne suis pas sure que la question « c’est quoi une vraie photo » soit indissociable de « c’est quoi une bonne photo ». Pour les ayathollas de la « vraie photo », la définition est plus technique qu’artistique en général.
Sur le groupe facebook discussion et partage créé par Olivier, il y a beaucoup de membres et beaucoup de photos postées chaque jour. Ne pas recevoir de commentaire sur sa photo peut s’expliquer de multiples manières. L’absence de question accompagnant la photo ou une question très générique comme « qu’en pensez vous » n’appelle pas vraiment de commentaaires constructifs. Tout le monde n’en souhaite pas d’ailleurs. Mais il est vrai aussi que quand une photo nous plait mais ne rencontre pas de public, il faut se demander ce qui nous a fait déclencher, et si cette raison est claire pour ceux qui n’étaient pas là. Si c’est un souvenir, une émotion ressentie à ce moment là, il est possible que cela ne transparaisse en effet pas dans la photo. Quant à la définition du vrai sujet, c’est un sujet tellement vaste, et tellement subjectif que je ne m’y risquerai pas !
Bravo pour cette belle synthèse de cette éternelle question !
Pour moi, il ne fait aucun doute que toute image qui met en oeuvre des procédés photographiques (argentiques ou numériques) est une vraie photo, qu’elle reflète la réalité ou non.
De même que celui qui utilise des pinceaux et des couleurs pour les appliquer sur un support réalise une peinture, qu’elle soit figurative, impressionniste, abstraite ou hyperréaliste …
Quant à l’IA, formidable outil, elle ne me semble pas répondre à la définition de la photographie puisqu’elle ne fait intervenir ni la lumière, ni une surface photosensible, ni un procédé optique, même si les images qu’elle génère ressemblent, à s’y méprendre, à des photographies !
Enfin, pour parler « d’intelligence » artificielle, j’attends qu’un ordinateur sorte à l’issue de ses rêveries ou de sa sieste, une image originale sans qu’aucun ordre lui ait été donné !
Merci d’avoir pris le temps de rédiger cet article très complet avec une composante historique importante et très bien documentée. On apprend que la photo est sûrement aujourd’hui le moyen de communication le plus utilisé sur terre. 1,4 milliards de photos par jour, c’est bien plus que vertigineux, c’est juste incommensurable.
Comme on le ressent bien dans vos explications, la question « c’est quoi une vraie photo ? » est inséparable de la question « c’est quoi une bonne photo ? » Poster une photo sur le groupe et attirer des critiques, parfois un peu vives, n’est finalement pas si gênant que cela. On apprend à accepter les points de vue différents, on « découvre » de vraies erreurs que l’on apprend à corriger… Si l’on n’est pas disposé à cela, autant ne pas poster.
Mais le plus désagréable, même si on ne poste pas pour les likes, est d’avoir une photo ignorée. 0, 1 ou 2 likes et 0 commentaire… sur une groupe de 5 ou 6 mille membres… Là on se dit « que se passe-t-il ? où est l’erreur ? » et du coup aucun moyen de savoir… La répons est peut-être, quelle que soit la qualité de la prise de vue et comme vous l’expliquez très bien à plusieurs reprises, qu’il n’y a pas de sujet, tout au moins pas pour celui qui regarde la photo, et donc pas d’intérêt.
Cela pour dire qu’il serait peut-être intéressant dans un futur article de débattre sur la question « c’est quoi un vrai sujet ? »
Encore merci pour ce très bel article.
Merci à toi Monique 🙂
Merci pour ce commentaire enrichissant ! C’est vrai que par rapport aux arts dits majeurs, la photo est plus accessible, plus proche aussi des gens, moins institutionnelle. Mais quelle richesse en effet ! J’ai aussi eu ce grand plaisir (et cette grande difficulté parfois) à faire des masques avec mes doigts ou des bouts de papier au bout d’une pince sous l’agrandisseur 🙂 C’est sur que c’est plus facile avec photoshop !
Merci pour ce superbe article qui me replonge en partie dans les débats sans fin que nous avions dans les milieux de l’Education Populaire au cours des années 70…comme quoi le sujet est vaste et pas prêt d’être clos !
Je reprendrais pour moi, sans vouloir le plagier, ce qu’avait écrit Pierre Bourdieu: la photographie est un art moyen. C’est un art dans tous les sens du terme, de grands photographes s’en sont très tôt emparés : Brassaï, Henri Cartier Bresson, Man Ray, Jean lou Sieff et tant d’autres. C’est aussi un formidable moyen de relater, de rendre compte, de témoigner comme l’a fait Franck Capa lors des conflits mondiaux, ou plus près de nous sur des témoignages de société de Raymond Depardon, ou encore les clins d’œil d’Henri Cartier Bresson souvent à cheval entre une vision sociologique de la société, l’art de la composition rigoureuse et l’humour.
Pour moi la photo, c’est un peu tout ça, toutes proportions gardées parce que j’ai bien conscience d’être loin, très loin de tous ceux que je viens de citer. Et la photo c’est aussi mon plaisir de voir, de partager ce que je vois, comme je le vois et cette formidable invention qui ne cesse d’évoluer nous permet aujourd’hui des choses qu’on ne pouvait même pas imaginer il y a quelques décennies. A ce sujet je mesure la chance que j’ai eue de pratiquer la photo argentique et d’avoir bien souvent tiré vainement la langue au labo pour , par exemple, masquer correctement un ciel pour le faire ressortir…
Encore merci pour ce magnifique article
merci ! je vais rougir !
Merci Yves. Si tu veux imprimer cette page, tu fais un clic droit et tu peux imprimer non, ou enregistrer en pdf ? Rien ne s’y oppose en touscas.
Oui heureusement le beau est subjectif et je te rejoins sur le fait qu’à partir d’un même cliché on peut « sortir » différents types de photos et c’est très intéressant du reste de s’y essayer. Et c’est la loi du genre, ce qui plait aux uns ne touche pas les autres.
Oui, la photo est un art pluriel, c’est ce qui fait sa richesse, son intérêt. Il y a aura toujours un photographe, un artiste, derrière une image qu’il ou elle revendique comme étant sienne. Mais en photo comme dans tous le autres arts tous ceux qui se revendiquent artistes ne passent pas à la postérité 🙂
Un grand merci Florence pour cet article si juste, si vrai, si clair. Je suis entièrement d’acvcord avec toi mais je n’aurais jamais su l’écrire avec autan de talent.
Encore MERCI.
Article très intéressant. Bien documenté et agréable à lire 👍.
Quant au sujet : pour moi la photographie est un art pluriel, parfois je suis naturaliste et croque le monde en macro, parfois je suis exploratrice et cherche des techniques pour arriver à l’idée que j’ai en tête, parfois je suis poète et mes photos sont le reflet de mes mondes intérieurs …. Mais pour toutes mes facettes je ne fais aucun choix à la base, je laisse la photographie m’inspirer … Je touche et je retouche, ou j’effleure à peine les pixels …
Ma seule motivation est le sentiment qui ressortira de mon travail, d’abord mon sentiment par pur « égoïsme » artistique, et après celui des autres s’ils veulent se balader dans mon monde.
Pour l’IA je ne suis pas fan du tout IA… J’aime bien l’idée de rester attaché au sentiment de la prise de vue : la capture d’un instant donné, avec sa lumière, le vent, les bruits, les odeurs, c’est tout ce mélange qui crée l’intention photographique et le travail qui sera fait derrière (même si le spectateur ne vois que l’image finale)… Alors l’IA comme outils LR ou PS pour finaliser le travail photo-graphique : oui. Mais l’IA pour créer un tout à partir d’un rien : non
Il faudra toujours un photographe derrière son appareil photo pour donner la couleur de l’intention au photographie.
Bonsoir et merci Fotoflo
Excellent article, parcouru rapidement, avec le regret de ne pas pouvoir l’imprimer
Ceci dit, la notion de « beau » est purement subjective (une 2ch et une Rolls peuvent plaire, ou pas…). Une 2ch déguisée en Rolls, restera toujours une 2ch, et comme il est dit dans la publication il faut qu’on s’y sente bien en regardant la photo.
Ainsi un cliché pris avec son boîtier et ses propres défauts de prise de vue (nobody is perfect) pourra trouver son amélioration par un traitement simple de retouche et fera un souvenir engrangé dans un répertoire et/ou partagé
Le même cliché peut être ensuite travailler pour exprimer un ressenti, une émotion – (et ce n’est que notre propre ressenti) – et pourra alors être présenté comme une démarche « artistique », parce qu’il y a un cheminement dans la valorisation de l’ image par son auteur. Celle-ci peut être acceptée à un concours et rejeté ailleurs. De même un club devrait être à même d’accompagner ses adhérents qui le souhaitent dans cette démarche. Sans rejeter les autres qui ne sentent pas l’âme d’un peintre photographique
Même parallèle pour l’écriture….la rédaction, le texte, le haïku….dans une échelle de valeur
En tous cas un grand merci à Olivier et son équipe qui insuffle cette notion artistique au travers de cette formation que j’appellerai »faire parler une photo »
À chaque fois que Florence intervient dans une discussion c’est un prodige de précision et de pertinence.
Je me réjouis de la voir intervenir de manière plus structurée à cette formation car sa compétence est remarquable et communicative.
Merci 🙂
Cette définition, artistique sinon technique, me va bien aussi !
Très bel article de Florence, tout à fait passionnant.
Ma définition perso de la photographie est beaucoup plus sommaire, mais me convient bien :
« Fais ce que tu veux, laisse libre cours à tes délires, les autres apprécieront… Ou pas » 😉
Je me régale d’avance à l’idée de lire ce long article très documenté et certainement passionnant, ainsi que les suivants. Merci à Florence pour ses talents et à Olivier pour les avoir détectés. J’adore approfondir les sujets, on va être comblés, je sens ça ! Merci et continuez, c’est génial !
MF Lamand