Comment photographier la LUNE avec un PAYSAGE ?

A l’occasion de la Super Lune, vous vous demandez comment photographier celle-ci avec un paysage ? En effet, il y a beaucoup d’éléments à planifier pour ce type de photo : je vous explique comment faire à l’aide de PhotoPills, Google Maps, Clear Outside, etc . Ensuite, je vous guiderez pour le repérage du spot avant la session photo.

Pour cette première partie d’ Itinéraire d’une photo, consacrée à la prise de vue, je vous montre la procédure à suivre depuis le Val d’Orcia en Toscane. Pour le paysage, j’ai choisi de mettre en avant-plan la chapelle de la Vitaleta.

• 00:00 Introduction sur le terrain en Toscane
• 02:40 Planification météo avec Accuweather et Clear Outside
• 04:40 Planification lever de lune avec PhotoPills
• 09:40 Planification avec Google maps et StreetView
• 11:30 Départ sur le terrain
• 14:00 Description du matériel
• 16:16 Réalité augmentée avec PhotoPills
• 17:40 Choix de la composition
• 18:00 Réglages de base
• 23:00 Réalisation du panorama de l’avant-plan à l’heure bleue
• 27:10 L’heure du lever de lune…
• 29:00 Changement de composition suite à imprévus
• 30:00 composition en paysage avec gestion de l’écart dynamique
• 33:00 Conclusion

1. Étapes de planification pour photographier la lune avec un paysage
   1. 1. 1. Etape 1 : Anticiper au mieux les conditions météo
         2. Étape 2 : Planifier le spot idéal pour la prise de vue de la lune
            1. 1. 1. Fonctionnement du planificateur de PhotoPills
                  2. Définir avec précision l’emplacement du spot avec PhotoPills
         3. Étape 3 : Données de localisation dans Google Maps
2. Repérage du spot avant le shooting de la lune et de son paysage
   1. 1. 1. Itinéraire pour rejoindre le spot de la Super Lune
         2. Imprévu pour photographier la lune avec un paysage
3. Installation du matériel pour photographier la lune et son paysage
   1. 1. 1. Installation du trépied sur un terrain en pente
         2. Mise en place d’un téléobjectif pour photographier la lune avec le paysage
         3. Utilité d’une télécommande pour photographier avec une longue focale
4. La réalité augmentée au service de la photographie de la lune
5. Réglages pour la prise de vue de la lune avec le paysage
   1. 1. 1. Recadrage de la scène pour la future composition
         2. Limiter les sources de vibration
         3. Mise au point AVANT le lever de la lune
6. Dernier conseil pour photographier la lune
7. Création d’un panorama à l’heure bleue
8. Deuxième panorama dix minutes avant le lever de lune
9. Conclusion pour photographier la lune avec un paysage

Les applications météorologiques sont importantes dans la planification de notre shooting puisqu’elles nous permettent d’évaluer la nébulosité et ainsi d’estimer nos chances de réussite pour la future photo.

Comme application météo sur mon Smartphone, j’utilise en premier AccuWeather pour me donner une idée globale de la météo. Il suffit d’écrire la destination et de regarder heure par heure l’évolution du temps. L’heure qui nous intéresse est de 21h15, heure du lever de lune. Vu que la météo n’est jamais fiable à 100%, je vérifie sur une seconde application plus précise : Clear Outside.

Pour planifier le spot, j’utilise l’application PhotoPills qui est payante (10,99$) mais ensuite vous l’avez définitivement en votre possession. Vous pourrez la trouver à la fois pour IOS et Android. C’est une application très utile pour les photographes de paysages.

La lune se levant à l’Est, j’ai choisi le spot de la chapelle de la Vitaleta car je sais qu’il est potentiellement intéressant. En effet, la chapelle est située assez loin d’une route. A présent, je cherche à déterminer précisément à quel niveau de la route je devrai m’installer pour être parfaitement dans l’axe du lever de la lune.

Pour cela, j’appuie sur l’option “Planificateur” de PhotoPills.  Ensuite, je clique sur le bouton “charger” tout en bas de l’écran qui me permet d’introduire l’adresse du lieu ou directement le nom du point d’intérêt.

Une fois la chapelle Vitaleta sélectionnée, il me la signale par un point rouge sur la carte. La ligne bleue claire m’indique la direction du lever de lune. A l’inverse, la ligne bleue foncée symbolise la direction du coucher de lune.

Je place le point noir sur la chapelle de la Vitaleta et le point rouge, qui me représente, au niveau de la route. Le but étant que la ligne bleue claire passe au travers de la chapelle. Je déplace le point rouge jusqu’à ce que l’emplacement soit idéal pour le lever de la lune. Une fois au bon endroit, j’ai l’indication de la distance qui me sépare de la chapelle.

Ici, je me retrouve à un peu moins d’un kilomètre de distance et je vais travailler au 100-400 avec un multiplicateur de focale 1.4 pour obtenir environ 560 mm. En cliquant sur le point rouge, j’obtiens les coordonnées GPS que j’enregistre en tant que point d’intérêt “Vitaleta”. Ceci vous permettra de retrouver très facilement vos spots ultérieurement via le bouton “charger”.

Je copie donc les données de localisation du spot de la Vitaleta en cliquant sur les trois petits points en bas de l’écran (action) de PhotoPills. Dans Google Maps, je colle ces coordonnées de latitude et longitude. Puis, je visualise le spot comme si j’y étais à l’aide de Google Street.

Comme il y a une montagne à l’arrière de la chapelle, cela signifie que la lune n’apparaîtra pas directement à l’horizon mais devra encore s’élever dans le ciel avant que je l’aperçoive. Il sera donc un peu plus tard que 21h15. Ensuite, la lune se déplacera vers la droite ce qui me permettra de réaliser différentes compositions. Attention tout de même : elle bouge plus vite qu’on le croit !

Comme j’ai la chance d’être proche du spot, je m’y rends pour vérifier ma longue focale, si le terrain est praticable ( des travaux sont toujours possibles! ), si la composition me convient, etc. Il est toujours préférable de vérifier le spot avant la prise de vue lorsque c’est possible afin d’éviter au maximum les imprévus.

J’entre les coordonnées de latitude et longitude enregistrées au préalable dans mon Smartphone pour découvrir l’itinéraire. Ensuite, je le connecte à mon GPS de voiture et je me mets en route vers le point précis du spot que je lui ai indiqué. Je trouve le rétrécissement de la route comme aperçu dans PhotoPills et puis dans Google Maps.

Pour photographier la lune et le paysage toscan à cette distance, j’installe mon trépied le plus haut possible et j’écarte fortement les pieds car, lorsqu’on utilise un téléobjectif, il faut être vraiment très stable. Étant sur une pente, je place une patte du trépied à l’avant et deux à l’arrière pour éviter qu’il ne soit déséquilibré et ne tombe en pleine action.

Lorsque vous utilisez une longue focale, je vous conseille d’équilibrer son poids en la plaçant sur la moitié de sa longueur sur le trépied. En effet, la moindre vibration sur une longue focale peut immédiatement flouter votre photo. N’hésitez pas à bien serrer la vis du collier aussi.

Une option très innovante avec PhotoPills est qu’il est possible de prévisualiser le résultat avec la lune dans le paysage à l’aide de la réalité augmentée. Pour cela, je clique d’abord sur le bouton avec une lune et puis, sur celui en bas de l’écran nommé RA pour “réalité augmentée”.

De cette manière, il est possible de confirmer que les calculs effectués précédemment sont effectivement justes. En effet, je vois sur mon Smartphone que la lune va se lever à l’endroit que j’attendais. Ainsi, je peux même planifier approximativement l’heure où la lune se montrera derrière la montagne.

Pour ce faire, je tourne délicatement l’objectif en mode portrait et le verrouille. Puis, j’appuie sur le bouton me permettant d’afficher le niveau sur l’écran et je le règle.

Attention, je cadre mon image de façon à avoir assez de place dans la zone du ciel au-dessus de la chapelle en cas de besoin. Cela n’aurait pas été possible en mode paysage où la lune aurait eu beaucoup plus de chance de sortir du cadre en se déplaçant.

Donc, je préfère travailler en mode portrait quitte à faire un panorama par la suite afin d’y coller l’image de la lune et ainsi avoir une photo au format paysage.

Au niveau des réglages, je désactive dans un premier temps tout ce qui pourrait provoquer des vibrations, même l’option Réduction de vibration justement car, sur des longues focales, cela signifie qu’il va essayer de compenser un mouvement qui est absent, au risque de rendre l’image plus floue. Si jamais vous avez cette option sur l’objectif, je vous conseille de la désactiver aussi.

Si vous avez un Reflex, il vaut mieux relever le miroir pour éviter que le clapet du miroir ne provoque des vibrations. Je vous rappelle aussi que c’est la raison pour laquelle j’utilise une télécommande.

Je profite de la lumière du jour pour faire la mise au point sur l’avant-plan qui est beaucoup plus facile à réaliser lorsqu’il fait clair. Pour être plus précis, je vais effectuer la mise au point à l’heure bleue. De plus, je n’aurai pas à y toucher jusqu’à l’ascension de la lune sur laquelle je ferai la mise au point à ce moment-là.

Néanmoins, mon avant-plan sera déjà net et je pourrai donc composer avec les photos prises AVANT l’apparition de la lune dans le paysage.

Au niveau des réglages, je fais la mise au point à ISO bas puisqu’il faudra monter ceux-ci pour l’astre lunaire vu qu’il fera plus sombre et qu’il se déplace très vite. Je me mettrai en mode manuel (M) et j’adopterai une ouverture F8. Pour la vitesse, je monterai entre 1/100 et 1/400 étant donné la nécessité d’une vitesse assez élevée. Je laisserai les ISO en auto en surveillant qu’ils ne montent pas trop haut.

Je vous conseille de photographier la lune en rafale. En effet, il y a des turbulences atmosphériques qui font que la photo peut être bruitée malgré que vous ayez tous correctement paramétrés.

C’est un phénomène qui ressemble à des sortes de vagues, comme les mirages. En shootant en rafale, on s’assure ainsi d’avoir des photos plus nettes que d’autres. Cela s’avérera très utile lors du post-traitement.

J’ai remis une nouvelle batterie et, au niveau des réglages, j’accorde la priorité à l’ouverture puisque le sujet étant immobile, je peux laisser un long temps de pose. Je réalise une première photo à l’aide de la télécommande à F8 et ISO 64. Maintenant, je vais créer un panorama vu que j’hésite au niveau de la compo. Il vaut mieux avoir une vue d’ensemble et, ensuite, pouvoir recadrer plus serré là où je le souhaite.

Pour cela, je fais une première photo puis, je desserre la vis de rotation et la resserre un peu plus loin après avoir tourné légèrement l’objectif. Ensuite, je prends une nouvelle photo et recommence la même opération. Il est important de toujours conserver une zone de recouvrement d’au moins 25 à 30%.

Cela fait, je peux avoir une photo au format paysage puisque j’ai pris environ 6 photos en mode portrait. Cela dépendra de comment la lune va monter dans le paysage. Je referai exactement la même opération 10 minutes avant le lever de lune ce qui me permettra de réaliser de longues poses sans devoir monter en ISO.

A présent, je vais faire la même chose que précédemment, à l’heure bleue, mais il fait évidemment beaucoup plus sombre maintenant. Je vais shooter pour avoir la photo à ISO minimal et j’ai besoin d’un temps de pose de 30 secondes. Je m’équipe à nouveau de la télécommande pour éviter toute vibration. Je recommence donc tout le panorama en mode portrait pour être sûr que mon avant-plan sera propre et net.

C’est tellement clair après les réglages (photo à droite) qu’on a l’impression que la photo a été prise en plein jour. C’est de cette manière que j’aurai la meilleure qualité possible. Pensez bien aussi à désactiver la réduction du bruit pour éviter qu’il vous fasse une pose longue derrière la précédente à chaque fois.

Finalement, je reprends le cadrage initial où la lune est censée apparaître. De plus, je change de collimateur pour anticiper la largeur de la lune.

Je me suis donc décalé vers la gauche en suivant le mouvement de la lune et ai réussi à la prendre en rafale pour pouvoir appliquer ensuite la réduction du bruit. Cela me permettra d’utiliser la technique de l’empilement lors du post-traitement. J’ai aussi zoomé au maximum pour avoir une belle vue sur les cratères.

Par sécurité, je réalise une composition en mode paysage qui englobe toute la scène afin d’être sûr d’avoir tous les éléments nécessaires pour la suite dans Lightroom et Photoshop.

En bref, sur le terrain, vous n’êtes pas forcément seul et vous êtes dépendants des circonstances extérieures. Il n’est pas possible de TOUT anticiper malgré une très bonne planification.

Découvrez prochainement la partie post-traitement de cet article et la transformation qui accompagnera ces prises de vues.