Photographier l’ascalaphe demande une approche patiente et respectueuse de son environnement naturel. Dans cet article, je partage mes conseils terrain pour localiser et photographier cet insecte fascinant dans les meilleures conditions. Je vais vous emmener à la découverte de cet insecte mi libellule, mi papillon.

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🦋 Introduction à l'ascalaphe


L’ascalaphe est un insecte unique, souvent perçu comme un croisement entre une libellule et un papillon. Bien qu’il ne soit pas rare, il est difficile à repérer en raison de ses couleurs qui se fondent dans son environnement. C’est un insecte névroptère de la famille des Ascalaphidés, caractérisé par un corps trapu et de longues antennes en massue.

Photographier un ascalaphe au petit matin, c’est plonger dans un monde discret et fragile, où la lumière rasante révèle des créatures souvent invisibles aux yeux pressés.

Dans cet article, je vous emmène avec moi, de l’aube aux derniers rayons acceptables pour la proxy-macro, pour vous livrer tout ce que j’ai appris sur le terrain : repérage, préparation, matériel, réglages, comportements, erreurs et astuces.

🌅 Pourquoi photographier tôt le matin ?


Il est 6h20 du matin, et je me prépare à photographier les ascalaphes. Pourquoi si tôt ? Les insectes, tout comme nous, sont engourdis le matin à cause des basses températures – 10°C ce jour-là – et de l’humidité. C’est le moment idéal pour les capturer en photo, car ils sont immobiles, souvent couverts de rosée.

Se lever tôt vous donne un avantage : les insectes sont plus faciles à approcher avant qu’ils ne s’envolent avec le réchauffement du soleil. De plus, le matin, la lumière est douce et crée une atmosphère parfaite pour la photographie.

Prairie humide à hautes herbes, habitat naturel de l’ascalaphe

📍 Choisir le bon spot et comprendre le comportement de l’insecte


Choisir le bon emplacement est la base. Les ascalaphes sont fidèles à leurs lieux de prédilection. Chaque année, je retourne au même endroit, près de ce cours d’eau, où je suis certain de les trouver. Leur comportement est prévisible : ils restent sur les hautes herbes jusqu’à ce que le soleil les réchauffe.

Il est essentiel de scruter attentivement les hautes herbes et de prendre son temps, car ces insectes se fondent dans leur environnement. Ils mesurent environ 5 cm.

La patience est la clé du succès en macrophotographie. La plupart du temps, pour trouver un sujet, il suffit de s’arrêter à un endroit où il y a des herbes et des fleurs et de bien examiner la zone : il est rare qu’on n’y trouve pas quelque chose à photographier.

🎒 Matériel recommandé


Pour ce type de photographie, le matériel est important. J’utilise principalement un objectif macro de 105 mm f/2.8 sur un Nikon Z8, surtout au début de la matinée, quand ils sont encore engourdis. Ce choix me permet de capturer des détails précis tout en gardant une distance confortable avec le sujet.

Objectif macro Nikkor Z MC 105 mm f/2.8 utilisé pour l’ascalaphe

Puis je travaillerai à distance, soit au 70-200, soit au 400 mm. Ce dernier est très utile pour plusieurs raisons :

– il dispose d’une distance minimale de mise au point d’environ 2 mètres, ce qui me permettra d’être très loin de l’ascalaphe et ainsi de ne pas l’effrayer. Car une fois qu’il s’envole, il est très difficile de le suivre et de voir où il se pose.

– les hautes herbes dans lesquelles l’ascalaphe a élu domicile représente une zone relativement fouillie, et le 400 mm me permet de flouter au maximum l’arrière-plan grâce à sa profondeur de champ réduite.

image obtenue avec téléobjectif 400 mm

Un trépied robuste est indispensable pour stabiliser l’appareil, surtout quand les conditions sont venteuses ou lorsque l’on utilise des objectifs lourds. Cela permet également de composer des images plus créatives et précises.

Photographe sortant un trépied en fibre de carbone du véhicule

🌬️ Conditions idéales pour réussir ses photos


Les conditions météorologiques jouent un rôle important. Un jour sans vent est idéal pour la macrophotographie. Le vent peut rendre la prise de vue difficile en déplaçant les herbes et en perturbant la stabilité de l’appareil. Avant de partir, je vérifie toujours les prévisions météorologiques pour éviter les jours de grand vent. Au-delà de 20 km/h de vent, il y a des chances que je reporte ma sortie.

Une lumière douce et diffuse est également préférable, car elle réduit les ombres dures et met en valeur les détails délicats des insectes.

Photographe installé à hauteur d’herbe avec son boîtier

À la recherche de l’ascalaphe

Je connais bien le coin car j’y passe souvent et je fais en sorte de repasser aux mêmes endroits dans le but de respecter au maximum l’environnement. En arrivant dans la zone où j’en trouve habituellement, je commence par examiner attentivement les herbes hautes. Après en avoir trouvé un qui sert de repas à une araignée, je finis par en trouver un qui est bien vivant, posé sur une tige.

Ascalaphe partiellement caché dans les tiges

Le problème, c’est qu’il m’a repéré et qu’il tourne autour de la tige. Et puis l’arrière-plan est très fourni, ce qui est gênant pour la prise de vue. Je me mets donc à la recherche d’un autre ascalaphe qui serait plus dégagé de son environnement. Je finis par trouver un sujet qui me va bien et je m’installe à environ 50 cm de distance avec mon objectif macro 105.

🔧 Réglages de base et mise au point précise


Pour capturer l’ascalaphe, je travaille toujours à pleine ouverture pour obtenir un arrière-plan flou. Je fais la mise au point manuellement en utilisant le live view et en grossissant l’aperçu pour une précision optimale. Il est essentiel de se concentrer sur les yeux de l’insecte pour avoir une netteté là où elle est la plus importante. Et bien sûr, j’utilise mon trépied.

Préparation du boitier pour la prise de vue

Voici les étapes que je suis pour les réglages :

  • Utiliser le live view pour la mise au point manuelle.
  • Travailler à pleine ouverture pour un flou d’arrière-plan optimal.
  • Régler le boitier en mode manuel
  • Ajuster l’exposition en fonction de la lumière ambiante.
  • S’assurer que la vitesse d’obturation soit suffisante, je choisis 1/125
  • Je dois donc régler les ISO en mode automatique.
  • Stabiliser l’appareil avec un trépied.
07-réglages.jpeg Écran de boîtier affichant les réglages pour photographier l’ascalaphe

Celui que j’ai choisi est à contre-jour. C’est très bien car les gouttelettes de rosée brillent, ce qui est très joli.

L’arrière-plan ne me convient pas, et comme je suis en contre-plongée, je vais me positionner plus bas pour tenter d’avoir un arrière-plan plus esthétique. Pour cela, je baisse la jambe avant de mon trépied, ce qui me permet de me rapprocher et donc de réduire encore la profondeur de champ.

Vue rapprochée d’un ascalaphe sur une tige, en contre-plongée

Après avoir pris la photo, je vérifie la qualité de la mise au point en zoomant. J’ai réussi à capturer les magnifiques gouttes de rosée, mais les antennes ne sont pas nettes. Je dois donc utiliser une autre stratégie pour obtenir une netteté sur tous les plans.

09-profondeur de champ.jpeg Gouttelettes de rosée nettes sur un ascalaphe au petit matin

La luminosité ambiante augmente avec l’arrivée du soleil et je suis à contre-jour. Je choisis donc de sous-exposer pour éviter que les gouttelettes ne soient surexposées.

Ascalaphe en contre-jour, antennes en silhouette

À ce moment précis, l’ascalaphe se réveille et bouge sur sa tige, je dois donc changer de position. L’avantage, c’est que je ne suis plus à contre-jour et je peux donc réaugmenter mon exposition.

Capture écran de mise au point avec profondeur de champ en arrière-plan

Mais malheureusement, je trouve l’arrière-plan moins esthétique, je vais donc à la recherche d’un autre ascalaphe.

Ceci vous illustre la nécessité d’aller vite pour faire vos réglages et prendre vos photos, car la lumière change vite et les ascalaphes finissent par bouger.

Si vous devez arranger l’arrière-plan, par exemple en déplaçant une herbe, faites toujours des mouvements très lents pour ne pas l’effrayer.

Visualisez votre profondeur de champ réelle au moyen du bouton que vous aurez configuré sur votre boitier.

Photographe et image d’un ascalaphe déplacé sur fond clair

📸 Faux focus stacking : une sécurité utile


Le faux focus stacking est une technique que j’utilise pour m’assurer d’avoir une profondeur de champ suffisante sans avoir à réaliser un focus stacking complet. Cela implique de prendre une photo à pleine ouverture puis une autre à une ouverture plus petite, comme f/16, pour garantir que tout le sujet soit net.

Cette méthode est particulièrement utile lorsque les conditions ne permettent pas de réaliser un focus stacking complet. Vous pouvez en savoir plus sur cette méthode dans mon article détaillé sur le faux focus stacking.

Généralement, je fais systématiquement ces prises de vue-là afin d’être certain d’avoir quelque chose d’exploitable si mon vrai focus stacking rate (vent, le sujet s’envole, etc)

Ascalaphe en vue dorsale avec histogramme visible à l’écran

🧠 Réaliser un vrai focus stacking


Lorsque les conditions sont idéales, je réalise en plus un vrai focus stacking. Cette technique consiste à prendre plusieurs photos avec un décalage de la mise au point, puis à les assembler en post-traitement pour obtenir une image entièrement nette.

Le Nikon Z8 facilite ce processus grâce à sa fonction de focus stacking automatique. Voici comment je procède :

  1. Je fais ma mise au point sur l’endroit le plus proche de moi que je souhaite net
  2. Je règle les paramètres dans le boitier.
  3. Je déclenche la séquence de photos.
  4. J’assemble les images en post-traitement.

Sur mon boitier (Nikon Z8), cette fonction n’est pas compatible avec le retardateur.

Pour plus de détails sur le focus stacking, vous pouvez visionner aussi cette vidéo que j’ai réalisé il y a quelques années.

Menu Nikon Z8 réglé pour le focus stacking automatisé

🎨 Composer avec la lumière, le bokeh et les contraintes du terrain


Composer une image implique de jouer avec la lumière, le bokeh et les éléments du terrain. En ajustant la position de l’appareil et l’angle de prise de vue, je peux exploiter la lumière naturelle pour créer des effets esthétiques.

Le bokeh, ou flou d’arrière-plan, est particulièrement important pour isoler le sujet. En jouant avec les gouttelettes de rosée et la lumière du matin, je peux créer des points lumineux qui ajoutent de la profondeur à l’image.

Ascalaphe à contre-jour avec fond très flouté

Utilisation du 400 mm

Je commence à main levée pour assurer, puis au trépied. L’arrière-plan est ici encore assez chargé. C’est là que le téléobjectif devient très utile.

Tout en repérant l’endroit où se trouve mon sujet, je me recule d’environ 2 mètres et je monte mon 400 mm sur mon boitier. La plus grande difficulté va être de retrouver mon sujet dans l’objectif.

Le fondu de l’arrière-plan au gros téléobjectif est vraiment incroyable par rapport au 105 mm.

Ascalaphe sur fond vert uni, pris au téléobjectif

Je préfère utiliser le retardateur pour être sûr qu’il n’y ait pas de flou de bougé.

Une fois que le soleil est bien monté et qu’il commence à faire un peu plus chaud, on a aussi le problème de l’ombre des autres tiges qui se projette sur le sujet. C’est alors qu’il est temps de plier bagage !

🏁 Conclusion


Merci d’avoir fait cette balade avec moi au petit matin parmi les ascalaphes ! Ici, il s’agissait d’ascalaphes soufrés et il existe aussi des ascalaphes ambrés. J’espère qu’en suivant mes conseils de réglages et de prise de vue, je vous aurai permis de réussir vos photos de proxy et de macrophotographie.

📘 FAQ


Qu’est-ce qu’un ascalaphe ?

L’ascalaphe est un insecte qui ressemble à un mélange de libellule et de papillon. Il est connu pour ses ailes colorées et sa capacité à se fondre dans son environnement.

Pourquoi photographier tôt le matin ?

Le matin, les insectes sont engourdis par le froid, ce qui les rend plus faciles à approcher et à photographier. La lumière est également plus douce, idéale pour la photographie.

Quel matériel est recommandé pour photographier un ascalaphe ?

Un objectif macro de 105 mm et un téléobjectif de 400 mm sont recommandés pour capturer les détails tout en gardant une distance confortable. Un trépied est également indispensable pour stabiliser l’appareil.

Quelles sont les conditions météo idéales ?

Un jour sans vent et avec une lumière douce est idéal pour la macrophotographie. Le vent peut perturber la stabilité de l’appareil et rendre la prise de vue difficile.

Comment réaliser un focus stacking ?

Un focus stacking implique de prendre plusieurs photos avec des points de mise au point différents et de les assembler en post-traitement pour obtenir une image entièrement nette.

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