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La compression DNG avec perte de Lightroom permet de réduire considérablement la taille de vos fichiers RAW, jusqu’à 16 fois plus légers. Mais il y a aussi des questions que l’on est en droit de se poser. Conserve-t-on la même dynamique, la même qualité d’image, le même niveau de détail ? C’est ce que nous allons voir à travers des tests détaillés que j’ai réalisés pour vous. Vous pouvez tester par vous-mêmes avec les fichiers de ressources que je mets à votre disposition.

Vidéo du tutoriel

Recevez la version PDF de l’article ainsi que les fichiers de test pour essayer vous-mêmes !

🔍 Introduction à la compression DNG


La compression DNG est un moyen efficace de réduire la taille de vos fichiers RAW sans perte visible. Dans cet article, je vais vous montrer comment, en utilisant Lightroom, vous pouvez compresser un fichier RAW de 75,6 Mo à seulement 4,8 Mo grâce à la compression DNG avec perte, soit une réduction de presque seize fois. Nous allons examiner deux cas concrets pour voir si la qualité de l’image est maintenue.

Cela passe par l’interface d’exportation qui propose la possibilité d’exporter un fichier en DNG compressé avec perte. Mais cette « perte » est-elle visible, a-t-elle réellement un impact ?

Comparaison de deux photos RAW dans Lightroom : un feu d'artifice à gauche et une voie lactée à droite.

🖼️ Premier test : Photo de feu d'artifice


Pour mon premier test, j’ai choisi une photo de feu d’artifice prise à Port Fréjus. Je l’ai choisie parce qu’elle présente une forte dynamique avec des hautes lumières et des ombres très marquées. Le fichier RAW d’origine pèse 75,6 Mo.

Procédure de test

Pour compresser ce fichier dans Lightroom Classic :

  1. Aller dans Fichier > Exporter.
  2. Choisir le format DNG.
  3. Cocher la case « Utiliser la compression avec perte ».
  4. Vérifier qu’il n’y a pas de redimensionnement de l’image.
  5. Cliquer sur Exporter

Fenêtre d'export Lightroom montrant les options DNG avec la case compression avec perte cochée.

Résultat

Après compression, le fichier DNG ne pèse plus que 4,8 Mo !

Afin d’évaluer la qualité de la compression, je vais mettre côte à côte les deux versions en mode Comparaison dans Lightroom. En comparant les hautes lumières et les détails des deux fichiers, je n’ai pas constaté de différences visibles à 100 % de zoom, puis à 300%

Comparaison côte à côte dans Lightroom entre un fichier RAW original et sa version DNG compressée.

Pour pousser encore plus loin et tenter de mettre en évidence des défaults, je vais appliquer un traitement supplémentaire sur les deux versions. Pour simplifier, je vais faire en sorte que ce traitement s’applique simultanément sur les deux photos :

  1. Sélectionner les deux images.
  2. Passer en module Développement
  3. Cocher la case de synchronisation automatique des paramètres (« Synch. auto »)

Ainsi, toute modification faite à l’une des deux se répercutera sur l’autre. Je baisse fortement les blancs, j’augmente l’exposition et je zoome à 1600% en mode comparaison sur une zone de surexposition.

Détail très zoomé sur deux images pour détecter les différences après compression.

Je constate des pixels un peu différents, mais c’est à un niveau de zoom tellement important que je considère que c’est minime et que ça ne change rien à la qualité perçue.

🧪 Analyse technique dans Photoshop


Pour aller plus loin, j’ai importé les deux photos dans Photoshop pour les comparer en utilisant le mode de fusion Différence.

Qu’est-ce que le mode de fusion Différence ?

Ce mode met en évidence les différences entre deux images en affichant les pixels impactés. En revanche, lorsque tout est noir, c’est qu’il n’y a aucune différence. Par exemple, si un pixel a une valeur de 100 dans le premier calque et que le même pixel a aussi une valeur de 100 dans le deuxième calque, Photoshop affichera la différence entre les deux. Or : 100 – 100 = 0. Il affichera du noir dans ce cas.

Mise en évidence des différences

Pour faciliter la visualisation d’éventuelles différences, je place au-dessus un calque de réglage Courbes pour éclaircir fortement. Le résultat est net : il y a des différences entre les deux fichiers.

Comparaison en mode de fusion différence dans Photoshop entre RAW original et fichier compressé.

Quelle est l’importance de ces différences ?

Pour le savoir, je vais lancer un script JSX, qui va quantifier les différences, sur une copie fusionnée des calques.

À l’œil nu, aucune différence majeure n’est visible, mais techniquement, 90 % des pixels ont été réécrits, ce qui démontre que le fichier compressé n’est plus exactement le même fichier informatique que l’original.

Fenêtre affichant le nombre de pixels modifiés dans Photoshop après compression.

Zoom au niveau du pixel

Pour vérifier moi-même, après avoir désactivé le mode de fusion Différence, je zoome très fortement, à 3200% : Photoshop permet des niveaux de zoom bien supérieurs à ceux de Lightroom Classic. En activant / désactivant la visibilité du calque, on se rend vraiment compte que les pixels ne sont pas les mêmes. Mais n’oubliez pas qu’on est au niveau du pixel, de la matrice de l’image, et qu’à un niveau de zoom important comme 300%, il n’y a pas d’impact visible sur l’image.

Zoom à plus de 3000 % sur un détail de photo montrant la structure des pixels.

Ce qu’il faut retenir, c’est que le RAW compressé avec perte proposé par Lightroom Classic n’est plus tout à fait le même fichier informatique, mais ces modifications ne sont pas visibles dans des conditions normales.

✨ Second test : Photo de voie lactée


Intérêt du second test

Pour le second test, j’ai utilisé une photo de la voie lactée prise à ISO élevé (6400). Ce type de fichier est souvent bruité, et je voulais voir si la compression affectait la qualité de l’image dans ces conditions.

Photo de voie lactée prise à 6400 ISO affichée dans Lightroom.

Méthodologie

Je décide d’utiliser DxO PureRAW 5 pour le débruitage, avec l’algorithme DeepPRIME 3 qui produit un rendu plus naturel.. Le traitement génère un fichier DNG linéaire en sortie, c’est-à-dire un fichier déjà dématricé avec trois canaux RVB complets, qui a l’inconvénient d’être très lourd.

Interface de DxO PureRAW 5 avec comparaison avant/après débruitage DeepPRIME 3.

Le fichier initial contient des photosites, les « données mosaïques », qui sont soit Rouges, soit Vertes, soit Bleues. Lorsque le logiciel réalise son dématriçage (appelé aussi démosaïcage), il transforme chacun de ces points en couleur composée des trois canaux Rouge, Vert et Bleu.

Schéma expliquant le passage des données mosaïques au dématriçage RVB.

Résultat

Le fichier résultant du traitement DxO PureRAW pèse 146 Mo, contre 77,6 Mo pour le RAW d’origine non linéaire. Autrement dit, le fichier est quasiment deux fois plus lourd après traitement — ce qui peut rapidement poser un problème de stockage si vous traitez de gros volumes d’images.

Je vais donc exporter le résultat de DxO PureRAW en DNG avec le mode compression avec perte comme précédemment : le fichier est passé de 146 Mo à 9,4 Mo !

Recherche des différences

Lorsque je les mets en comparaison dans Lightroom et que je zoome, je n’observe aucun différence visible.

Comparaison à 100 % entre un DNG DeepPRIME 3 et sa version compressée avec perte.

Puis dans Photoshop, en mode différence comme dans le test précédent, et on observe le même phénomène qu’avec la photo du premier test : il existe des bien des différences.

Affichage Photoshop en mode différence pour un fichier DxO compressé.

Enfin, je crée une copie fusionnée avec Command ou Ctrl + Alt ou Option + Shift + E et je lance le script. Celui-ci me donne cette fois 29,04 % de différences, ce qui représente énormément moins de changement.

🛠️ Les limites de la compression DNG


Si vous vous demandez pourquoi je n’ai pas d’abord compressé en DNG avec perte le fichier du test 2 avant de l’envoyer dans DxO PureRAW, ce qui théoriquement aurait permis d’obtenir un résultat beaucoup plus léger, c’est parce que DxO PureRAW refuse le fichier. Pourquoi ? Si on va dans les métadonnées du fichier DNG, on voit que les données mosaïque ont été supprimées.

Métadonnées d’un DNG compressé indiquant l’absence de données mosaïques.

Ce que ça veut dire, c’est que le DNG issu de la compression est devenu linéaire. Et donc si j’essaie de l’envoyer vers DxO PureRAW, j’obtiens un message d’erreur.

Erreur d'importation dans DxO PureRAW avec un DNG compressé.

Bien que la compression DNG soit très efficace pour économiser de l’espace, elle a donc ses limites puisque les fichiers compressés deviennent des DNG linéaires, ce qui signifie qu’ils perdent les données mosaïques.

Cela peut poser des problèmes de compatibilité avec certains logiciels externes comme DXO PureRAW, qui ne peut pas traiter ces fichiers.

Pour éviter ces problèmes, il est préférable d’appliquer tous les traitements nécessaires dans vos logiciels avant de compresser vos fichiers dans Lightroom.

Bien sûr, si vous réalisez une conversion DNG sans compression, le fichier reste intact et conserve ses données mosaïque.

Métadonnées Lightroom montrant un DNG non compressé avec les données mosaïques conservées.

À noter que dans les dernières versions de Lightroom Classic, le logiciel est capable de réduire le bruit même sur des DNG linéaires comme celui que nous avons obtenu avec la compression avec perte.

Interface Lightroom avec la fonction de réduction du bruit IA activée.

📈 Avantages et inconvénients de la compression DNG


  • Avantages : Réduction significative de la taille des fichiers, préservation de la qualité visuelle, économies d’espace disque.
  • Inconvénients : Perte des données mosaïques, problèmes de compatibilité avec certains logiciels externes.

Prenons un exemple :

  • 1 RAW pèse 75,6 Mo

  • En DNG compressé, il passe à 4,8 Mo

  • Pour 10 000 photos, cela représente :

    • 756 Go en RAW

    • 48 Go en DNG compressé

    • 708 Go d’économie

Ce gain est considérable si vous gérez une photothèque massive ou travaillez sur un disque SSD limité.

🏁 Conclusion


La compression DNG avec perte proposée par Lightroom est une solution puissante et méconnue pour réduire la taille de vos fichiers RAW. Si la transformation est destructrice d’un point de vue technique, elle est quasi invisible à l’œil nu, même en comparant les pixels en profondeur.

C’est un outil à envisager sérieusement dans une démarche d’optimisation de l’espace disque, à condition de bien comprendre les compromis liés à la perte des données RAW brutes.

Pour ma part, je préfère conserver mes RAW originaux dans tous les cas. Mais pour l’archivage, ou le tri, ou encore si vous manquez d’espace disque, c’est une option à envisager.

Je mets à votre disposition les ressources à télécharger pour faire vos propres tests si vous le souhaitez

Dites-moi en commentaire ce que vous allez choisir : compresser vos fichiers RAW ou conserver, comme moi, les originaux ?

❓ FAQ


Qu’est-ce que la compression DNG ?

La compression DNG est un processus qui permet de réduire la taille des fichiers RAW tout en préservant leur qualité visuelle.

Est-ce que la compression DNG affecte la qualité de l’image ?

Visuellement, la qualité de l’image reste quasi identique. Cependant, techniquement, les pixels sont modifiés.

Quels sont les inconvénients de la compression DNG ?

La perte des données mosaïques et les problèmes de compatibilité avec certains logiciels externes sont les principaux inconvénients.

Dois-je compresser tous mes fichiers RAW ?

La décision dépend de vos besoins. Si vous manquez d’espace disque, la compression peut être une bonne solution. Cependant, pour les images nécessitant un traitement poussé, il est préférable de conserver les fichiers d’origine.

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